Paix régionale : Washington milite pour un rapprochement entre l’AES et la CEDEAO

 

Alors que l’Afrique de l’Ouest traverse une phase de recomposition politique majeure, les États-Unis appellent à une coopération renforcée entre les pays du Sahel réunis au sein de l’Alliance des États du Sahel (AES) et la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Ce plaidoyer intervient dans un contexte de tensions persistantes après le retrait du Burkina Faso, du Mali et du Niger de l’organisation régionale.

S’exprimant devant le Conseil de sécurité des Nations Unies le 7 août 2025, Dorothy Shea, représentante américaine par intérim à l’ONU, a exhorté les États sahéliens et leurs voisins à « dépasser leurs différends » pour bâtir un front commun contre le terrorisme, tout en respectant les principes de l’État de droit et les droits humains.

Un front régional affaibli face au terrorisme

Mme Shea a condamné avec fermeté les récentes attaques perpétrées par des groupes terroristes opérant dans la région, notamment le JNIM, Boko Haram et les filiales de l’État islamique. Elle a également alerté sur les menaces croissantes liées à la circulation incontrôlée d’armes légères, aggravée par les conflits dans des pays voisins comme le Soudan.

La fragmentation institutionnelle entre la CEDEAO et les États sahéliens complique la réponse collective à ces défis sécuritaires. Depuis leur départ de la CEDEAO, le Burkina Faso, le Mali et le Niger ont constitué l’AES, une entité aux attributs symboliques forts (drapeau, hymne, emblèmes), marquant une volonté d’émancipation.

Des signaux positifs de dialogue

Malgré la rupture, des tentatives de rapprochement sont en cours. Une première rencontre entre les deux blocs s’est tenue en mai à Bamako. Plus récemment, en août, le président sierra-léonais Julius Maada Bio, à la tête de la CEDEAO, a appelé à intensifier les efforts de dialogue avec l’AES.

Les Nations Unies, via le Bureau régional UNOWAS, jouent un rôle de médiateur actif, notamment sur les plans économique, sécuritaire et institutionnel.

Un activisme diplomatique américain plus visible

Parallèlement à ces efforts onusiens, Washington intensifie ses initiatives bilatérales dans la région. En juillet, un haut responsable de la Maison Blanche, Rudolph Atallah, s’est rendu au Mali pour renforcer la coopération antiterroriste. D’autres démarches ont eu lieu au Burkina Faso, au Niger et même au Kenya, où des responsables américains ont exprimé leur volonté de maintenir un partenariat sécuritaire, malgré des différends récents.

À Niamey, la reprise du dialogue a été amorcée, même si les États-Unis ont récemment retiré leurs troupes de la base stratégique d’Agadez à la suite de la dénonciation d’accords de défense.

Washington face à Moscou

Cette offensive diplomatique américaine intervient alors que la France, historiquement présente dans la région, voit son influence décliner fortement. En parallèle, la Russie étend ses réseaux de coopération, notamment via le déploiement d’instructeurs militaires et un appui stratégique à l’AES.

Washington tente donc de se repositionner, en multipliant les gestes d’ouverture, tout en maintenant certaines sanctions : restrictions de visas, coopération militaire conditionnelle, etc. Cette dualité illustre la complexité de la posture américaine, partagée entre volonté de reconquête et maintien de leviers de pression.

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