Présentée comme une « île de stabilité » dans un environnement géopolitique instable, l’Algérie tente de redéfinir sa politique énergétique. Mais derrière les discours optimistes, le modèle reste plombé par une dépendance persistante aux hydrocarbures et un manque de réformes structurelles.
Au Salon international Africa & Mediterranean Energy & Hydrogen Exhibition and Conference (Napec 2025) à Oran, l’expert américain Geoff D. Porter a salué la stabilité et la volonté de diversification de l’Algérie. Des propos repris par les médias publics pour renforcer l’image d’un pays attractif et prévisible. Pourtant, cette stabilité, souvent présentée comme une force, repose davantage sur un verrouillage politique que sur un véritable renouvellement institutionnel.
Le pouvoir demeure concentré entre la présidence et l’armée, tandis que le secteur privé reste marginalisé. Les lenteurs administratives, l’opacité décisionnelle et la centralisation des autorisations d’investissement freinent toujours l’arrivée de nouveaux capitaux étrangers.
La loi sur les hydrocarbures de 2019, amendée depuis, a introduit des mesures fiscales plus souples pour relancer l’exploration. Cependant, sa mise en œuvre reste difficile. Des compagnies comme TotalEnergies, Eni ou ExxonMobil hésitent encore à s’engager pleinement, invoquant l’incertitude sur les règles de rapatriement des bénéfices. Résultat : la production d’hydrocarbures stagne depuis près de dix ans, et les exportations de gaz peinent à croître face à la concurrence mondiale du GNL.
Le Napec 2025 a aussi mis en avant l’hydrogène vert et les énergies renouvelables, présentés comme leviers de la transition énergétique. Mais ces projets en sont encore à un stade embryonnaire. L’Algérie ambitionne de produire de l’hydrogène d’ici 2040, sans plan précis de financement ni implication claire du secteur privé.
Le maintien des subventions aux énergies fossiles, représentant plus de 10 % du PIB, retarde la mutation énergétique et fragilise la compétitivité du futur mix énergétique national. Sans une réforme en profondeur et une ouverture réelle à la gouvernance partagée, la transition énergétique algérienne risque de rester un horizon plus qu’une trajectoire.



