Santé mentale : l’IA thérapeutique se développe, mais reste sous surveillance

Therabot, un assistant psychothérapeutique fondé sur l’IA, conçu par des chercheurs de l’université de Dartmouth, ambitionne de répondre à la crise d’accès aux soins en santé mentale. Contrairement aux applications déjà disponibles sur le marché, ce projet avance prudemment, sous la supervision d’experts.

Nick Jacobson, psychologue et responsable du développement, insiste : « Même en multipliant par dix le nombre de professionnels, ce ne serait pas suffisant. Il faut autre chose. » Ce « quelque chose », c’est Therabot, fruit de six ans de travail. L’équipe a préféré nourrir manuellement son IA avec des conversations simulées, afin d’en garantir la qualité et la sécurité.

Une première étude clinique publiée en mars démontre des effets positifs chez des patients souffrant d’anxiété, de dépression ou de troubles alimentaires. Un nouvel essai est prévu, cette fois en comparaison directe avec les thérapies traditionnelles.

Mais cette avancée intervient dans un contexte d’inquiétudes croissantes. Des applications non encadrées, comme celle impliquée dans le suicide d’un adolescent de 14 ans, suscitent de vives critiques. Vaile Wright, de l’Association américaine de psychologie, rappelle que « la majorité des produits existants ne sont pas conçus par des professionnels ».

Herbert Bay, fondateur d’Earkick, une application revendiquant plus de 100 000 utilisateurs, affirme que son IA thérapeutique, Panda, est fiable et encadrée. Il précise que le modèle intègre des alertes en cas de crises ou de pensées suicidaires. « Les cas graves ne relèvent pas de l’IA », tranche-t-il. « Notre rôle, c’est l’accompagnement quotidien. »

Des voix appellent à un usage plus encadré. Darlene King, de l’Association américaine de psychiatrie, estime que ces technologies ont du potentiel, à condition qu’elles soient utilisées sous supervision. Mais elle prévient : « Beaucoup de questions restent en suspens. »

Face aux dérives commerciales, les concepteurs de Therabot prévoient de créer une structure à but non lucratif. « L’objectif est d’aider ceux qui en ont le plus besoin, même sans moyens », affirme Michael Heinz, psychiatre et co-responsable du projet.

Partage:
Laisser un commentaire

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *