La scène s’est jouée loin des caméras, mais son retentissement est continental. Ce jeudi, la famille de l’ex-président gabonais Ali Bongo Ondimba est arrivée à Luanda, en Angola, après plusieurs mois de résidence surveillée imposée par les autorités de transition gabonaises. Cette sortie du territoire s’est faite sous l’impulsion du président angolais João Lourenço, également président en exercice de l’Union africaine.
Selon un communiqué sobre publié par la présidence angolaise, cette libération intervient à la suite de discussions entre João Lourenço et le général Brice Clotaire Oligui Nguema, président de la transition au Gabon. Quelques jours auparavant, Lourenço avait effectué une visite à Libreville, officiellement pour saluer l’ancien président Ali Bongo. Une « visite de courtoisie » qui, à la lumière des événements récents, cachait une intense activité diplomatique.
Depuis le coup d’État du 30 août 2023, qui a mis fin à près de 14 années de pouvoir d’Ali Bongo, la famille présidentielle était maintenue sous surveillance étroite. Son épouse, Sylvia Bongo Valentin, était même poursuivie pour des accusations de corruption et de manipulation d’État. Leur mise à l’écart s’inscrivait dans une volonté affichée du régime militaire de tourner la page d’une gouvernance jugée opaque et dynastique.
L’intervention de João Lourenço s’inscrit dans une stratégie plus large de l’Angola, qui multiplie les initiatives pour se positionner comme un acteur de médiation sur le continent. Déjà engagé dans la résolution de plusieurs crises régionales, le chef d’État angolais affirme ainsi une diplomatie d’influence, au service de la stabilité africaine.
Si les autorités gabonaises n’ont pas encore commenté officiellement cette exfiltration, le départ de la famille Bongo pourrait contribuer à détendre l’atmosphère politique intérieure, à l’approche d’échéances importantes pour la transition. Mais il pourrait aussi raviver les critiques de ceux qui demandent justice et comptes à l’ancien régime.
À Luanda, la famille Bongo entre désormais dans une forme d’exil silencieux, sous la protection d’un allié diplomatique. Quant au Gabon, il reste à voir si cette sortie marque un geste d’apaisement durable ou le prélude à une recomposition plus profonde de ses équilibres politiques.