Le décompte est lancé ! Dans moins d’un mois, le père Noël descendra du ciel avec des jouets par milliers. Quels cadeaux déposera-t-il sous les sapins ? En cette époque où les écrans semblent omniprésents, les jeux et les jouets occupent-ils encore une place importante dans la vie des enfants ? Regards d’experts, de commerçants et de jeunes sur l’univers du jeu.
Le jeu, élément essentiel au développement de l’enfant

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Selon l’ergothérapeute Francine Ferland, « le jeu est l’activité la plus importante pendant l’enfance ».
« Le jeu est l’activité la plus importante pendant l’enfance », affirme l’ergothérapeute Francine Ferland. Aux yeux de la professeure émérite de l’Université de Montréal, jouer a l’effet d’une « super-vitamine » sur le développement de l’enfant. « Quand il joue, ça sollicite toutes les sphères de son développement. Il bouge, sa motricité globale est touchée. Il manipule des objets, ça rejoint sa motricité fine. Il imagine, il crée, ça touche l’aspect cognitif. Il joue avec d’autres, c’est l’aspect social. Le jeu, c’est une richesse incroyable pour favoriser le développement harmonieux de l’enfant. » L’experte qui a écrit plusieurs livres sur le sujet parle ici de jeu libre, c’est-à-dire d’un « jeu que l’enfant décide de faire par lui-même » et durant duquel il choisit « comment il va jouer ». Pour l’enfant, jouer, « c’est l’occasion de découvrir qui [il] est », fait valoir, de son côté, la psychologue Marie-Alexia Allard. Elle donne l’exemple d’un garçon qui s’invente un monde grâce à des figurines :
À travers cette histoire-là, il va parler de lui, il va mettre en scène des choses importantes pour lui, il va exprimer ses émotions.
Marie-Alexia Allard, psychologue
Et les jouets ?
Si le jeu est important, les jouets le sont également, non ? Pas nécessairement. Un enfant peut très bien s’amuser avec des objets qui ne sont pas des jouets à proprement parler. « J’aime bien parler de matériel de jeu, parce que c’est ce que l’enfant va utiliser dans son jeu qui va devenir jouet », propose Mathieu Point, professeur au département des sciences de l’éducation de l’Université du Québec à Trois-Rivières.

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Les enfants jouent moins qu’avant, notamment à des jeux extérieurs ou des jeux risqués.
Les enfants jouent-ils moins qu’avant ?
On entend parfois dire que les enfants jouent moins qu’avant… « La recherche tend à démontrer qu’effectivement, les enfants jouent moins », avance Mathieu Point. Cette tendance touche différents types de jeux, dont les jeux extérieurs ou les jeux risqués, comme le rapportait la Société canadienne de pédiatrie en janvier dernier. Pourquoi ? Parce que les adultes ont des craintes et réfrènent ces jeux, répond le professeur. « La notion de prise de risque est nécessaire au développement de l’enfant », souligne-t-il. Aux parents qui ont peur que leur fille grimpe dans un arbre, il conseille « d’accompagner l’enfant dans son jeu plutôt que d’interdire ». On peut, par exemple, lui faire remarquer que la branche sur laquelle elle tente de s’agripper n’est pas la plus solide. « J’ai l’impression que les enfants jouent moins dans les familles où les écrans prennent beaucoup de place », observe Marie-Alexia Allard, professeure de psychologie à l’Université du Québec à Montréal.
Si on regarde un dessin animé ensemble, qu’on en discute et qu’on rit, c’est bien. Mais si [les écrans] remplacent des moments de plaisir partagés, c’est inquiétant.
Marie-Alexia Allard, psychologue

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Les jeux permettent aux enfants de développer leur côté créatif.
45 minutes
Nombre de minutes que devrait durer minimalement une période de jeu libre pour un enfant de 7 ans et moins. « Ça prend un temps suffisamment long pour que l’enfant puisse commencer son jeu, le modifier, le complexifier et le finir », explique Mathieu Point.
Souvent, en tant qu’adulte, on a un malaise face à l’ennui. […] Un enfant qui s’ennuie, c’est un enfant qui va devenir créatif dans quelques minutes.
Mathieu Point, professeur au département des sciences de l’éducation de l’Université du Québec à Trois-Rivières
Lego, au sommet

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Les modèles de Lego inspirés de Star Wars ou de Harry Potter sont très populaires dans les boutiques Raoul-Chagnon.
Dans les boutiques de jouets, quels sont les jouets les plus demandés ? Les quatre chaînes et commerces contactés par La Presse s’entendent sur une marque : Lego. « Les Lego ont toujours été très populaires, mais depuis quelques années, l’entreprise se démarque davantage parce qu’elle sort énormément de nouveautés », indique Valérie Hamel, copropriétaire de Benjo, à Québec, qui fermera ses portes après 20 ans d’existence le 31 janvier. Les modèles inspirés des mondes de Star Wars ou de Harry Potter sont particulièrement populaires, remarque, de son côté, Patrick Cordeau, copropriétaire des boutiques Raoul-Chagnon, situées à Belœil et à Saint-Hyacinthe. Les blocs de construction ne plaisent pas qu’aux enfants. De nombreux adolescents et adultes les ont adoptés comme passe-temps, soulignent les commerçants.
Cinq catégories populaires, année après année

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Les camions Bruder
Outre les Lego, ces catégories de jouets risquent de se retrouver sur les listes de Noël :
Les peluches : les toutous ont toujours la cote, mais selon Valérie Hamel, de Benjo, une entreprise pourrait se démarquer en 2024 : Jellycat. « Ils font des peluches qu’on ne voit pas ailleurs : skate, rondelle de hockey et beaucoup de nourriture. »
Les jouets du passé : chez Toys R Us, deux des meilleurs vendeurs sont des jouets d’une autre décennie : le Jenga et le Lite Brite.
Les marques : Fisher-Price, Playmobil, VTech, LeapFrog : « les marques très connues sont populaires », note Laurent Côté, de Club Jouet.
Les licences : les jouets à l’effigie de personnages aimés des enfants sont recherchés, selon les commerçants rencontrés. Stitch, Moana, Bluey, Harry Potter, Minnie Mouse ont été nommés parmi les plus convoités en 2024.
Les jouets durables : « On veut des jouets un peu plus durables », remarque Patrick Cordeau, des boutiques Raoul-Chagnon. Les camions de l’entreprise allemande Bruder, qui propose des modèles qui se réparent, font partie de ses meilleurs vendeurs.
En hausse

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Le jeu Hitster
La pandémie a propulsé les ventes de trois catégories de jeux : le matériel de bricolage, les casse-têtes et les jeux de société. « Les deux premiers ont repris leur place normale dans le marché. Par contre, pour les jeux de société, les gens ont vraiment redécouvert le plaisir de jouer en famille », indique Laurent Côté, de Club Jouet. Le plus populaire l’an dernier, tous âges confondus ? Hitster, jeu dans lequel il faut classer des succès musicaux sur une ligne du temps.