Perdu 50 jours en forêt… et retrouvé

L’histoire de survie en forêt de Samuel Benastick a fait le tour du monde cette semaine. Le jeune homme de 20 ans devait camper une dizaine de jours dans un parc provincial de la Colombie-Britannique, mais c’est finalement au bout de 50 jours qu’il a été retrouvé, après avoir survécu dans des conditions hostiles.

Que s’est-il passé ?

Le 7 octobre dernier, Samuel Benastick est parti seul pour ce qui devait être une expédition de camping dans le parc provincial Redfern-Keily, dans le nord de la Colombie-Britannique. Pendant des semaines, une cinquantaine de bénévoles ont participé aux recherches pour le retrouver, mais avec le mercure qui chutait parfois à -20 °C la nuit, l’espoir s’amenuisait.

Il s’agit d’une histoire « assez rocambolesque », commente François-Xavier Gagnon, un Québécois installé en Colombie-Britannique depuis 25 ans, sauveteur dans l’équipe de recherche et de sauvetage de Lions Bay, à Vancouver.

Le parc où s’est perdu Sam Benastick, « c’est le même style de forêt que vous allez trouver au nord du parc de La Vérendrye », indique-t-il. « C’est de l’épinette et il n’y a pas grand-chose à manger. À ce temps-ci de l’année, les conditions météo sont difficiles. On a eu beaucoup de pluie, de froid, de neige. Ce sont des conditions extrêmes pour survivre. »

Quand Sam Benastick a-t-il été retrouvé ?

Mardi, deux travailleurs de l’industrie pétrolière qui allaient au travail ont aperçu un homme se dirigeant vers eux. C’était Sam Benastick. Plusieurs sources rapportent qu’il avait un sac de couchage coupé enroulé autour de ses jambes et qu’il se déplaçait difficilement en s’appuyant sur un bâton de marche. Les travailleurs l’ont mis à l’abri dans leur camion et lui ont donné un sandwich.

PHOTO GRC – DÉTACHEMENT DE NORTHERN ROCKIES, FOURNIE PAR LA PRESSE CANADIENNE

Samuel Benastick

Comment a-t-il survécu ?

Selon ce que rapporte la Gendarmerie royale du Canada (GRC), Sam Benastick aurait raconté à la police qu’il est resté dans sa voiture pendant quelques jours, avant de marcher jusqu’à un ruisseau en montagne. Il aurait campé là pendant environ deux semaines. C’est ensuite au bas d’une vallée, dans le lit d’un ruisseau asséché, qu’il aurait construit un abri.

La grand-mère du jeune homme a déclaré à Radio-Canada Vancouver qu’elle est convaincue que Sam Benastick ne s’est pas retrouvé dans cette situation volontairement. « Nous ne savons pas quand il s’est perdu. C’est ça, l’histoire. Nous ne comprenons pas cette partie », a-t-elle déclaré.

Chercher quelqu’un après 50 jours sans nouvelles, c’est « chercher une aiguille dans une botte de foin », signale François-Xavier Gagnon. « Le jeune homme était équipé pour faire 10 jours de randonnée, ça l’a vraiment aidé. Il avait une tente, un sac de couchage, un réchaud, de la nourriture pour plusieurs jours, probablement une trousse de premiers soins. »

Que faire si on se perd en forêt ?

« L’erreur qui est souvent faite, c’est de ne pas s’arrêter et réfléchir, mais de continuer », dit André Pelletier, coauteur du livre Guide complet de vie et survie en forêt. « Une personne perdue en forêt est souvent à cinq minutes de ne plus être perdue », illustre-t-il. Généralement, on réalisera assez rapidement qu’on a quitté un sentier, par exemple. « Si tout de suite, on prend les bonnes décisions de s’arrêter, de marquer l’endroit où on est, de faire de petits allers-retours, c’est certain qu’on reste près du bon chemin », ajoute M. Pelletier.

Que prévoir avant de partir en randonnée ?

D’abord, trouver un « ange gardien » qui sera responsable d’aviser les autorités si on a du retard sur notre itinéraire, suggère André Pelletier. « Ça a pour effet de s’assurer que les secours vont se mettre en branle. L’autre effet est psychologique : on sait que les secours vont arriver. On a alors plus de chances de prendre de bonnes décisions, d’être plus prudent, calme et réfléchi », dit l’auteur.

Quant aux essentiels à avoir sur soi, ils tiennent à trois choses : un briquet ou des allumettes, un sifflet et un couteau. « Il faut vraiment les avoir sur soi. Pas dans une poche de manteau, qu’on pourrait laisser sur une branche parce qu’on a chaud ou dans la voiture », précise André Pelletier.

Évidemment, on pourra se servir du briquet pour faire du feu, du sifflet pour appeler les secours sans s’époumoner, et du couteau comme outil.

Et le cellulaire ?

L’appareil est de plus en plus utile à ceux qui sont mal pris dans la forêt. « Dans les 10 dernières années, on fait beaucoup moins de recherche et plus de sauvetages. Avec les téléphones et les systèmes satellites, les gens sont perdus, mais ils nous contactent, et on sait où ils sont », explique François-Xavier Gagnon. Même sans réseau cellulaire, les plus récents modèles de téléphones permettent aux utilisateurs de se connecter à des satellites en orbite basse.

Avec le New York Times, Radio-Canada et le Guardian

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