Donald Trump, 47ᵉ Président des États-Unis : quel avenir pour l’Afrique sous son second mandat de 4 ans ?

Le 5 novembre 2024, Donald Trump a remporté l’élection présidentielle américaine face à Kamala Harris, devenant ainsi le 47ᵉ Président des États-Unis. Cette victoire marque le retour à la Maison Blanche d’un homme politique qui a su bouleverser l’ordre établi durant son premier mandat. Avec une politique étrangère axée sur l’« America First » et des relations parfois tendues avec l’Afrique, quel impact le retour de Trump pourrait-il avoir sur le continent africain ? Si son mandat précédent a été marqué par un désengagement partiel vis-à-vis de l’Afrique, qu’en sera-t-il cette fois-ci ?

Un président aux priorités claires : l’Amérique d’abord

Sous la présidence de Trump, l’Afrique avait souvent été reléguée au second plan. En matière de politique étrangère, il a privilégié des intérêts bilatéraux plutôt que multilatéraux, et sa vision de l’engagement international s’est surtout concentrée sur les bénéfices directs pour les États-Unis. Dans ce contexte, l’Afrique, bien qu’importante sur le plan stratégique et économique, n’a pas été un axe majeur de la diplomatie américaine.

Trump a notamment critiqué les institutions multilatérales telles que l’ONU et l’Union africaine, qu’il considérait comme souvent inefficaces, voire nuisibles pour les intérêts américains. Son administration a opté pour des stratégies qui favorisaient les partenariats bilatéraux au détriment des grands engagements continentaux, réduisant ainsi l’aide au développement et la coopération multilatérale.

Une politique économique centrée sur le commerce bilatéral

L’un des principaux enjeux de la présidence de Trump sera la reconduction de sa politique commerciale. Lors de son premier mandat, il a préféré des accords commerciaux bilatéraux plus favorables aux États-Unis, comme le remplacement de l’ALENA par l’USMCA (Accord États-Unis-Mexique-Canada). Il est probable que l’Afrique, dans cette optique, devienne un terrain d’opportunités économiques pour les entreprises américaines, mais sur la base de relations commerciales inégales.

Certains pays africains pourraient bénéficier de cette approche, notamment en matière de commerce, d’investissements directs étrangers ou de partenariats privés dans les secteurs comme l’énergie, les infrastructures et l’agriculture. Cependant, cette politique pourrait aussi renforcer la dépendance de l’Afrique vis-à-vis des États-Unis, sans contrepartie réelle en termes de développement social ou environnemental.

Trump pourrait par ailleurs chercher à exploiter les ressources naturelles du continent en signant des accords avec des régimes autoritaires ou en consolidant les relations avec des pays riches en matières premières, tout en minimisant les aspects diplomatiques et éthiques liés à ces partenariats.

Un retour aux priorités sécuritaires

Les enjeux sécuritaires en Afrique, particulièrement dans la lutte contre le terrorisme au Sahel, en Somalie ou dans la région du lac Tchad, devraient également faire partie des priorités de Trump. L’administration précédente a maintenu une forte présence militaire sur le continent, notamment à travers le commandement militaire américain pour l’Afrique, l’AFRICOM. Si Trump adopte une position plus isolationniste dans d’autres domaines, il est probable qu’il continue à sécuriser les intérêts stratégiques des États-Unis en Afrique, en renforçant la coopération militaire avec certains pays tout en évitant des engagements trop coûteux.

Cela pourrait notamment passer par un soutien accru aux forces locales dans la lutte contre des groupes terroristes comme Al-Shabaab ou Boko Haram, ainsi que par un renforcement de l’armement et de la formation des armées africaines. Toutefois, les critiques formulées contre l’utilisation excessive de l’armée américaine en Afrique pourraient conduire Trump à rechercher des solutions moins interventionnistes tout en consolidant ses alliances sécuritaires.

La diplomatie et les relations bilatérales : une gestion pragmatique

En matière de diplomatie, Trump privilégiera probablement des relations bilatérales pragmatiques, axées sur des intérêts directs. Cela pourrait signifier que certains pays africains, comme le Nigeria ou l’Afrique du Sud, pourraient trouver des interlocuteurs plus réceptifs à des accords économiques ou à des partenariats dans des secteurs comme l’énergie, l’exploitation minière, ou les infrastructures.

Cependant, la gestion des droits de l’homme et des questions sociales pourrait être reléguée au second plan. Durant son premier mandat, Trump a montré une certaine indifférence à la promotion de la démocratie et des droits humains, s’engageant parfois avec des régimes autocratiques ou peu démocratiques. Cela pourrait se reproduire, avec des pays comme l’Égypte, l’Éthiopie ou l’Ouganda, où des régimes autoritaires sont en place, bénéficiant d’un soutien tacite ou direct des États-Unis tant que cela sert les intérêts stratégiques américains.

Les défis pour les pays africains face à un retour de l’isolationnisme

L’un des grands risques pour l’Afrique sera de se retrouver dans une position de dépendance accrue vis-à-vis des États-Unis tout en devant faire face à une baisse des aides humanitaires et au désengagement des grandes institutions internationales. Trump n’hésitera pas à remettre en question les programmes d’aide traditionnels ou les contributions américaines aux organisations mondiales, comme l’OMS ou les efforts de lutte contre le changement climatique.

L’Afrique devra donc non seulement jongler avec les exigences d’un partenaire dont les relations sont de plus en plus mercantiles, mais aussi diversifier ses alliances pour pallier à ce désengagement. Dans ce contexte, les relations avec des puissances émergentes comme la Chine, la Russie ou l’Inde prendront probablement plus d’importance. Ces pays offrent des partenariats économiques et commerciaux sans les conditions politiques imposées par les États-Unis.

Une relation complexe à redéfinir

Le retour de Donald Trump à la Maison Blanche va indéniablement redéfinir la dynamique des relations entre les États-Unis et l’Afrique. Si l’Afrique peut espérer des opportunités économiques, la politique de Trump semble orientée vers des partenariats plus inégaux et moins intéressés par la promotion du développement humain ou de la démocratie sur le continent. La réduction des engagements multilatéraux et la politique isolationniste pourraient également engendrer une dynamique de dépendance accrue vis-à-vis des États-Unis, tandis que des pays comme la Chine, la Russie et l’Union européenne profiteront de cette situation pour consolider leur influence.

Ainsi, l’Afrique devra naviguer entre un acteur américain centré sur ses propres intérêts et un éventail de partenaires de plus en plus diversifiés, tout en maintenant des priorités nationales et continentales. La gestion des relations avec Trump pourrait offrir à certains pays africains des avantages à court terme, mais à long terme, un équilibre diplomatique et stratégique avec d’autres puissances sera sans doute nécessaire pour garantir leur stabilité et leur développement.

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