L’écrivain franco-algérien Boualem Sansal, détenu en Algérie depuis novembre 2024, vient d’être désigné lauréat du prestigieux Prix mondial Cino Del Duca 2025. Cette distinction, dotée de 200 000 euros, consacre un message d’humanisme moderne porté par une œuvre engagée et courageuse. L’annonce a été faite mercredi par l’Institut de France. Le jury, présidé par Amin Maalouf, secrétaire perpétuel de l’Académie française, a salué « la force d’un écrivain qui, par-delà les frontières et les censures, continue de faire entendre une parole libre, profondément humaniste et résolument nécessaire ».
Âgé de 76 ans, Boualem Sansal a été arrêté à l’aéroport d’Alger en novembre dernier, à son retour de Paris. Il a ensuite été condamné à cinq ans de prison ferme, le 25 mars 2025, pour « atteinte à l’unité nationale », à la suite de propos tenus au sujet des frontières algéro-marocaines.
Ingénieur et docteur en économie, Sansal n’a débuté sa carrière littéraire qu’à 50 ans avec Le Serment des barbares (1999), roman qui explore l’emprise islamiste sur une société algérienne dévastée par la peur et la violence. Publié chez Gallimard, il reçoit un accueil chaleureux en France mais reste largement ignoré, voire censuré, dans son pays natal. La littérature d’expression française y est marginalisée, et l’œuvre de Sansal, critique des régimes autoritaires et des extrémismes religieux, dérange.
Plusieurs de ses ouvrages, dont Le Village de l’Allemand (2008) et Rue Darwin (2011), sont interdits en Algérie. En 2015, 2084 : la fin du monde, allégorie dystopique des dérives théocratiques, est couronné par le Grand Prix du roman de l’Académie française.
Avec ce prix, Boualem Sansal devient le 56e lauréat d’une récompense considérée comme l’une des plus importantes au monde après le Nobel de littérature. La remise officielle est prévue le 18 juin sous la Coupole de l’Institut de France, à Paris.
En 2024, le prix avait été attribué à l’autrice Yasmina Reza.
