On croyait avoir tout vu. On pensait que le football moderne, trop lisse, trop calculé, ne pouvait plus nous offrir ces soirées où l’on finit à genoux, hagards, la gorge sèche, le cœur en vrac. Et puis Inter-Barça est arrivé. Un match comme on en voit une fois par décennie. Une orgie de football, de sueur, de drame, de sueur encore, et d’un vieux briscard nommé Acerbi qui a rappelé à tout le monde qu’on peut planter en Ligue des champions à 37 piges, même si on s’appelle Francesco et qu’on a le physique d’un colosse des années 90.
L’Inter ? Une armée. Le Barça ? Un poème. Et entre les deux, un duel digne des plus grandes tragédies grecques. Milan a démarré comme une tornade. Dumfries cavale comme si sa vie dépendait de chaque ballon, et Lautaro, capitaine camouflé pendant 20 minutes, plante son premier pion sur son quatrième ballon. Du vice, de l’efficacité. L’Inter mène 2-0 à la pause, on se dit que le job est (re)fait.
Mais voilà : en face, il y a Barcelone. Pas celui des grandes années, non, mais un Barça jeune, imprévisible, parfois bordélique… donc dangereux. Et puis, Yamal. Même muselé, même enchaîné par la défense lombarde, le gamin de 16 ans continue de semer le doute dans les esprits et le feu dans les cœurs.
Le Barça revient. Deux fois. Et passe même devant. Raphinha marque à la 87e. Silence glacial à San Siro. Le Barça est qualifié, et les supporters de l’Inter ont la même tête que ceux d’un festival sous la pluie. Mais ce match n’était pas fini. Parce qu’il ne pouvait pas finir comme ça.
Et là, miracle. Acerbi, 1m92, crâne lustré et visage de tonton bourru, surgit à la 93e pour égaliser. On croit rêver. San Siro explose. Le stade tremble. On entend des “Mamma mia” à chaque étage. Il faut des prolongations pour départager les deux fous furieux.
Et qui surgit encore ? Frattesi. Frais comme un mojito, entré à la 79e, il dégaine à la 97e et propulse l’Inter en finale. C’est sale, c’est beau, c’est injuste, c’est parfait. Lewandowski ? Fantomatique. Yamal ? Héroïque mais carbonisé. Sommer ? Un mur suisse qui a refusé la chute. Ce match n’était pas un match, c’était une série Netflix compressée en 120 minutes. Et spoiler alert : les méchants ne gagnent pas toujours.
Verdict : l’Inter retourne en finale, deux ans après sa défaite contre City. Et cette fois, ce n’est pas juste un retour. C’est une vengeance programmée, portée par des jambes d’acier et des cœurs en feu.
Finale à Allianz Arena. L’Inter y sera. Et après un tel match, peu importe qui viendra. PSG ou Arsenal, bon courage : les Nerazzurri ne viennent pas pour jouer. Ils viennent pour conquérir.