Six mois après son émergence sur les réseaux sociaux, le Mouvement du 6 Juin (M66) intensifie la pression politique au Togo. Issu d’une mobilisation citoyenne spontanée portée par la jeunesse urbaine connectée, le collectif appelle désormais à des manifestations physiques contre le maintien au pouvoir de Faure Gnassingbé, récemment renforcé par une réforme constitutionnelle instaurant un régime parlementaire. L’initiative redonne de l’élan à une opposition fragmentée et remet au centre du débat la question de l’alternance, vingt ans après l’arrivée au pouvoir du président togolais.
Le M66 a programmé une grande mobilisation pour le 8 décembre, date symbolique coïncidant avec l’ouverture du 9ᵉ Congrès panafricain à Lomé. Le mouvement espère profiter de cette visibilité internationale pour dénoncer ce qu’il qualifie de « dérive autoritaire ». Dépourvu de structure hiérarchique ou de porte-parole officiel, le M66 fonctionne de manière décentralisée, alimenté par l’engagement de la diaspora, la créativité numérique et la colère sociale.
Dans ses communiqués, le collectif critique la réforme constitutionnelle de 2024, qui a transformé le Togo en régime parlementaire et attribué un rôle central au « Président du Conseil », fonction confiée immédiatement à Faure Gnassingbé. Pour le M66, ce dispositif verrouille davantage la longévité du pouvoir, alors que les autorités le présentent comme un « renouveau institutionnel ».
Si la manifestation prévue se veut pacifique, le risque de tensions reste élevé. Les précédentes tentatives de rassemblement ont été dispersées par les forces de sécurité, et certains sympathisants ont signalé des intimidations. Sur les plateformes X, TikTok, Facebook et WhatsApp, les appels à manifester se multiplient, mobilisant déjà des dizaines de milliers de sympathisants. Le 8 décembre doit servir de test pour mesurer l’ampleur de la contestation et envoyer un message clair au pouvoir et à la communauté internationale.
Le M66 tire son nom des manifestations du 6 juin 2025, nées d’un contexte politique tendu et de frustrations sociales persistantes. Le mouvement revendique l’héritage des luttes interrompues et des promesses non tenues, tout en adoptant des méthodes modernes : mobilisation en ligne, campagnes virales et relais massifs dans la diaspora.
Ses revendications restent inchangées : retour à une Constitution consensuelle, organisation d’élections transparentes, ouverture démocratique et fin de l’impunité.
