Le scientifique américain James Watson, l’un des plus grands noms de la biologie moléculaire et codécouvreur de la structure en double hélice de l’ADN, s’est éteint à l’âge de 97 ans. Le Cold Spring Harbor Laboratory (CSHL), institution où il a consacré une grande partie de sa carrière, a annoncé sa disparition ce vendredi 7 novembre.
Lauréat du prix Nobel de médecine en 1962 aux côtés de Francis Crick et de Maurice Wilkins, James Watson a profondément transformé notre compréhension du vivant. Leur découverte, publiée en avril 1953 dans la revue Nature, révélait la structure de l’ADN et expliquait la manière dont l’information génétique se réplique et se transmet. Ce modèle, aujourd’hui représenté dans toutes les salles de classe, montre comment les quatre bases – A, T, C et G – s’associent par paires pour former une double hélice, symbole universel de la vie.
Né le 6 avril 1928 à Chicago, Watson s’était d’abord passionné pour l’étude des oiseaux avant de se tourner vers la biologie. Très tôt, il fit preuve d’un esprit audacieux, s’attaquant à des questions fondamentales sur l’origine et le fonctionnement du patrimoine génétique. Sa découverte aux côtés de Crick marque un tournant dans l’histoire des sciences, ouvrant la voie aux biotechnologies modernes, à la recherche médicale et à la génétique contemporaine.
Après son prix Nobel, James Watson enseigna à Harvard, puis prit la direction du Cold Spring Harbor Laboratory, qu’il transforma en un pôle mondial de recherche. En 1990, il fut nommé directeur du projet américain de séquençage du génome humain, avant de démissionner deux ans plus tard, opposé à la commercialisation de découvertes scientifiques par le biais de brevets. En 2007, il devint le premier être humain dont le génome complet fut entièrement séquencé.
Mais sa brillante carrière fut assombrie par de multiples controverses. Dès les années 1950, il avait tenu des propos désobligeants à l’encontre de la chercheuse Rosalind Franklin, figure également majeure dans la découverte de la structure de l’ADN. En 1997, il suscita une première vague d’indignation en suggérant que des tests génétiques pourraient influencer le droit à l’avortement selon l’orientation sexuelle de l’enfant à naître. Dix ans plus tard, il provoqua un scandale mondial en déclarant que les Africains seraient « moins intelligents » que les Blancs.
Malgré des excuses publiques, ces déclarations lui coûtèrent cher. Le Cold Spring Harbor Laboratory le suspendit de ses fonctions, et en 2019, lui retira ses titres honorifiques après qu’il eut réitéré ses propos dans un reportage télévisé. Marginalisé, Watson décida en 2014 de vendre aux enchères sa médaille du Nobel, dont les bénéfices furent reversés à des universités et institutions scientifiques. L’acheteur, un milliardaire russe, choisit ensuite de lui restituer le trophée par respect pour sa contribution à la science.
James Watson laisse derrière lui un héritage scientifique colossal, à l’origine de percées majeures dans les domaines de la médecine, de la génétique et de la biotechnologie. Mais il restera aussi comme une figure controversée, dont les déclarations ont terni l’image d’un chercheur pourtant essentiel à la compréhension du code de la vie.



