À la réunion ministérielle du Mouvement des non-alignés tenue à Kampala, l’Algérie a livré une attaque frontale contre les autorités de transition maliennes, qu’elle a accusées de mensonges, de manipulation et d’incompétence. Cette sortie virulente faisait suite aux propos du ministre malien des Affaires étrangères, Abdoulaye Diop. En qualifiant les dirigeants de Bamako de « putschistes » et de « semeurs de mensonges », Alger entendait rappeler son rôle historique de défenseur de la stabilité régionale. Mais cette offensive verbale traduit aussi une perte d’influence : longtemps considérée comme un médiateur clé dans le Sahel, l’Algérie se retrouve aujourd’hui marginalisée face à la montée en puissance de l’Alliance des États du Sahel (AES), qui regroupe le Mali, le Niger et le Burkina Faso.
En rompant le dialogue avec ses voisins et en multipliant les attaques, Alger s’expose à un isolement diplomatique croissant. La région se redessine désormais sans elle, notamment sous l’impulsion du Tchad et du Maroc, de plus en plus actifs sur le plan économique et sécuritaire avec les pays sahéliens. Le ton du discours algérien à Kampala, émaillé d’expressions comme « mensonges éhontés » et « quête vorace de pouvoir », relevait davantage de la démonstration oratoire que d’un véritable argument diplomatique. Derrière cette posture d’autorité, certains observateurs voient une fragilité interne : difficultés économiques persistantes, dépendance aux hydrocarbures, réserves financières en déclin et climat politique incertain.
Cette attaque contre Bamako apparaît ainsi comme une diversion destinée à ressouder l’opinion nationale autour d’un nationalisme de circonstance. Sur le plan diplomatique, Alger accumule pourtant les revers : enlisement du processus de paix malien qu’elle avait parrainé, tensions avec le Maroc et la France, méfiance de partenaires africains majeurs comme le Nigeria et l’Éthiopie.
En contestant la légitimité du pouvoir malien, l’Algérie contredit sa propre ligne panafricaniste fondée sur la non-ingérence et la souveraineté des États. Une contradiction qui fragilise davantage sa crédibilité sur la scène africaine.
Enfin, les accusations répétées contre Bamako, notamment sur un prétendu « soutien au terrorisme » ou la destruction d’un drone malien, traduisent un repli idéologique et un affaiblissement de la diplomatie algérienne, désormais perçue comme défensive et déconnectée des nouvelles réalités du Sahel.