En appelant à la levée du gel des avoirs libyens devant le Conseil de sécurité, l’Algérie tente d’apparaître comme la voix de l’Afrique solidaire, tout en cherchant à renforcer sa propre influence dans un dossier qu’elle a longtemps contribué à complexifier.
Au nom du groupe des A3+ (Algérie, Somalie, Sierra Léone et Guyana), le représentant permanent algérien à l’ONU, Amar Bendjama, a plaidé pour que les institutions financières internationales appliquent la résolution 2769, autorisant l’Autorité libyenne d’investissement à réutiliser ses réserves gelées, estimées à plus de 60 milliards de dollars. Officiellement, il s’agit d’un acte de justice économique. En réalité, cette initiative s’inscrit dans une stratégie de repositionnement diplomatique d’Alger au sein du dossier libyen.
Depuis son entrée au Conseil de sécurité, l’Algérie tente de se présenter comme un médiateur africain impartial et un défenseur du multilatéralisme. Mais derrière ce discours, sa politique étrangère demeure marquée par un double langage : une façade de neutralité et une implication tacite auprès de certaines factions libyennes alignées sur ses intérêts.
Si Alger réclame le départ de toutes les forces étrangères, elle évite soigneusement de dénoncer la présence du groupe Wagner, actif à proximité de ses frontières, ou celle de réseaux pro-algériens opérant dans l’Ouest libyen. Cette prudence illustre la difficulté pour Alger de concilier sa quête d’influence régionale avec son image de puissance non alignée.
Dans un contexte où la Libye reste sans budget unifié ni autorité centrale effective, l’appel algérien au dégel des avoirs soulève des interrogations sur la réelle finalité de cette démarche : solidarité sincère ou manœuvre géopolitique pour retrouver un rôle central au Maghreb et au Sahel ?