Un tournant majeur s’est opéré ce mardi à Antananarivo. L’armée malgache a pris le contrôle du Palais présidentiel et annoncé la création d’un Conseil militaire chargé d’assumer la fonction présidentielle, a déclaré le colonel Mikaël Randrianirina. Cette prise de pouvoir intervient dans un contexte de crise politique profonde, alors que le président Andry Rajoelina a dissous l’Assemblée nationale avant de quitter le pays pour des raisons de sécurité.
Le colonel Randrianirina a précisé que le Conseil militaire regroupe des représentants de l’armée, de la gendarmerie et de la police nationale. Il aura pour mission d’assurer la stabilité institutionnelle en attendant la mise en place d’un gouvernement civil transitoire, prévu dans les prochains jours.
Cette annonce survient peu après la dissolution contestée de l’Assemblée nationale par le président Rajoelina. Malgré cette tentative, les députés ont poursuivi leurs travaux et voté une motion d’empêchement contre le chef de l’État. Sur les 131 députés présents, 130 ont voté pour la destitution, un seul s’étant abstenu.
Le vice-président de l’Assemblée, Siteny Randrianasoloniaiko, a qualifié le décret de dissolution d’illégal, soulignant l’absence de signature et de tampon officiels. Pour lui, cette mesure était « dénuée de toute valeur juridique ».
Dans une brève allocution, le colonel Randrianirina a affirmé : « On est ici pour prendre le pouvoir parce que la crise a assez duré. Nous allons assumer nos responsabilités. » Il a également précisé que le Conseil militaire pourrait prochainement intégrer des conseillers civils pour accompagner la transition.
Ce coup de force marque une nouvelle phase d’instabilité politique à Madagascar, déjà secouée depuis plusieurs semaines par des manifestations, des mutineries et des accusations de complot visant le président Rajoelina.