L’ordonnance du tribunal de Cotonou qui convie Boni Yayi et son parti Les Démocrates de restituer au député Michel Sodjinou sa fiche de parrainage marque un tournant décisif, et peut-être fatal, pour la principale formation d’opposition béninoise. Ce qui aurait pu rester un simple désaccord administratif s’est transformé en une crise interne révélatrice d’un profond malaise.
Les Démocrates, longtemps présentés comme le dernier rempart face au pouvoir, donnent aujourd’hui l’image d’un parti désorganisé, rongé par les rivalités internes et miné par un déficit de transparence. L’affaire Sodjinou n’est pas un incident isolé. Elle cristallise le manque de dialogue et la méfiance entre la direction et certains de ses députés. Dans une formation où chaque parrainage compte, perdre un seul appui parlementaire équivaut à voir s’effondrer toute une stratégie présidentielle.
Le parti détenait tout juste le nombre de parrainages requis pour présenter un duo à la présidentielle de 2026. En s’aliénant un élu clé, il se tire littéralement une balle dans le pied. C’est le signe d’une autodestruction programmée, née d’une gestion autoritaire et d’un manque de cohésion. Au lieu de mobiliser ses forces autour d’un projet commun, le parti s’épuise dans des luttes intestines, oubliant que l’adversaire se trouve à l’extérieur, et non en son sein.
Cette situation illustre une opposition en panne de stratégie et de leadership. Boni Yayi, figure tutélaire du parti, semble prisonnier de son propre système. En centralisant les décisions et en réduisant l’espace d’expression interne, il fragilise l’édifice qu’il a lui-même bâti. Les conséquences sont lourdes : Les Démocrates risquent de se retrouver hors course avant même que la compétition ne commence, non pas à cause d’une répression extérieure, mais par faute d’organisation et de lucidité politique.
L’histoire retiendra peut-être que le plus grand danger pour Les Démocrates ne venait pas du pouvoir, mais d’eux-mêmes. En laissant s’installer la méfiance et les querelles d’ego, le parti s’est engagé sur la pente glissante de l’autodestruction. Dans un contexte où chaque opposition peine déjà à exister, cette implosion interne risque de laisser le champ libre au camp présidentiel.
La politique, dit-on, ne pardonne pas les erreurs de stratégie. Et pour Les Démocrates, le compte à rebours a peut-être déjà commencé. Désolation et regret, le peuple a mal ! A suivre !