L’arrestation à Bamako d’un citoyen français, soupçonné d’agir pour le compte du renseignement de Paris, ajoute une nouvelle dimension aux relations déjà exécrables entre le Mali et la France, rompues militairement depuis 2022.
Les autorités de transition ont annoncé jeudi soir l’interpellation, le 1er août, de Yann Christian Bernard Vezilier, présenté comme un « agent » français. Selon le communiqué officiel, il faisait partie d’un « groupuscule d’éléments marginaux » cherchant à déstabiliser le pays avec l’appui de soutiens étrangers. Plusieurs officiers maliens de haut rang ont également été arrêtés, dont le général Abass Dembélé, ancien gouverneur de Mopti, et la générale Néma Sagara, première femme promue à ce grade dans l’Armée de l’air.
Le cas Vezilier retient particulièrement l’attention. Un officier de l’armée française portant le même nom, lieutenant-colonel dans le corps des mécaniciens de l’air et décoré en 2020 de l’Ordre national du Mérite, figure dans les registres publics. Paris n’a toutefois pas réagi, et il n’a pas été confirmé qu’il s’agisse bien de la même personne.
Depuis le retrait de l’opération Barkhane et le rapprochement de Bamako avec Moscou, les rapports entre Paris et Bamako sont dominés par la méfiance. Le Mali accuse la France d’avoir « abandonné » la lutte antiterroriste, tandis que l’Élysée dénonce l’influence grandissante de la Russie au Sahel.
Les autorités assurent que « la situation est sous contrôle », mais poursuivent les investigations pour identifier d’éventuelles complicités. Au-delà de la procédure judiciaire, ce dossier pourrait devenir un levier politique pour Bamako, qui accuse régulièrement des puissances étrangères – notamment la France – de chercher à affaiblir le pays. L’« affaire Vezilier » pourrait ainsi cristalliser un peu plus le bras de fer entre les deux capitales.
