Présidentielle 2025 au Cameroun : Maurice Kamto évincé de la course par le Conseil constitutionnel

 

Maurice Kamto, figure majeure de l’opposition camerounaise, ne participera pas à l’élection présidentielle prévue le 12 octobre 2025. Sa candidature a été définitivement rejetée par le Conseil constitutionnel, au cours d’une audience très attendue qui s’est tenue les 4 et 5 août à Yaoundé.

Cette décision, rendue publique mardi, a mis fin à une bataille juridique engagée contre Elections Cameroon (Elecam) et le ministère de l’Administration territoriale. Kamto contestait une résolution du Conseil électoral datée du 26 juillet, ayant écarté sa candidature au motif d’un « double parrainage » par le parti MANIDEM.

En effet, deux camps issus de cette formation politique ont présenté des candidats distincts : Maurice Kamto d’un côté, et Dieudonné Yebga de l’autre. Cette situation de « pluralité d’investiture » a conduit Elecam à rejeter les deux candidatures, une position que le Conseil constitutionnel a confirmée malgré les objections des avocats de Kamto.


Audience tendue à Yaoundé sous forte surveillance

L’audience s’est déroulée au Palais des congrès de Yaoundé dans un climat tendu et sous haute sécurité. De nombreux partisans et curieux se sont rassemblés aux abords du site, certains tentant d’entrer malgré les restrictions. Des gaz lacrymogènes ont été utilisés la veille pour disperser des groupes venus soutenir le leader politique. Plusieurs militants, notamment ceux issus du MRC, ont été arrêtés.

Aucune retransmission en direct n’a été autorisée par les autorités. Même des médias présents sur place, tels que Naja TV, ont été sommés d’interrompre la diffusion de l’audience. Des journalistes ont été brièvement interpellés puis expulsés du site.


Un parcours semé d’embûches

Arrivé deuxième à la présidentielle de 2018 avec environ 14 % des voix, Maurice Kamto s’était affirmé comme le principal adversaire du président Paul Biya. Sa contestation des résultats de l’époque avait mené à des manifestations et à de nombreuses arrestations dans les rangs de son parti, le MRC.

En 2020, le MRC a choisi de boycotter les élections législatives et municipales, perdant ainsi toute représentation politique officielle. Or, selon le code électoral camerounais, une candidature à la présidentielle nécessite le soutien d’un parti représenté ou de 300 signatures issues de différentes institutions (élus, chefs traditionnels, chambres consulaires, etc.).

La prorogation des mandats parlementaires et municipaux, décidée par les autorités en 2024, a rendu cette démarche encore plus difficile. En réponse, Kamto a tenté de se présenter sous l’étiquette du MANIDEM, un parti en proie à des querelles internes. Cette manœuvre a finalement échoué.


Un nouveau paysage électoral sans Kamto

Le rejet de la candidature de Maurice Kamto reconfigure profondément le paysage politique à l’approche du scrutin d’octobre. Alors que le président sortant Paul Biya reste une figure centrale, l’absence du leader du MRC laisse un vide dans l’opposition et pourrait avoir un impact sur la mobilisation de ses sympathisants.

Le Conseil constitutionnel a donc tranché : ni Kamto ni son concurrent interne Yebga ne participeront à l’élection présidentielle de 2025. Le débat politique, lui, est loin d’être clos.

 

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