L’affaire du « Covidgate » au Mali, impliquant l’ancien président de la Chambre de commerce et d’industrie du Mali (CCIM), Youssouf Bathily, et plusieurs collaborateurs, franchit une nouvelle étape judiciaire : le dossier a été officiellement renvoyé devant la Cour d’assises, malgré la livraison effective des équipements sanitaires.
Au cœur du scandale, le programme présidentiel « Un Malien, un masque », lancé en 2020 sous la présidence d’Ibrahim Boubacar Keïta (IBK). L’initiative visait à fournir 21 millions de masques à la population malienne pour un montant total de 10,9 milliards FCFA. Les masques avaient bien été livrés (chirurgicaux et lavables), comme l’a confirmé le Bureau du Vérificateur général (BVG).
Cependant, le rapport du BVG a révélé des irrégularités dans les procédures financières et contractuelles : absence d’enregistrement de certains contrats, paiements irréguliers malgré un arrêté ministériel prévoyant des exonérations, favoritisme dans l’attribution des marchés. C’est sur cette base que Youssouf Bathily, Cheick Oumar Camara (secrétaire général de la CCIM) et Lamine Sacko (comptable) sont poursuivis pour :
- Atteinte aux biens publics
- Blanchiment de capitaux
- Favoritisme
- 23 novembre 2022 : Bathily est placé sous mandat de dépôt.
- Juin 2023 : Il obtient une liberté provisoire contre une caution portée à 850 millions FCFA, mais la Cour suprême annule la décision, jugeant l’enquête incomplète.
- Juillet 2025 : La chambre d’accusation accorde un non-lieu partiel à quatre autres prévenus, mais confirme le renvoi en Cour d’assises pour les principaux accusés.
Ce procès à venir s’annonce comme un moment fort pour la justice malienne, mettant en lumière les failles dans la gestion de l’urgence sanitaire et la transparence des marchés publics. Bien que les masques aient été livrés et distribués, le dossier montre que l’intégrité des procédures reste un impératif, y compris en temps de crise.
Le procès, très attendu, pourrait ouvrir la voie à d’autres actions judiciaires similaires, dans un contexte où la lutte contre la corruption est devenue une priorité nationale.