L’Algérie a exprimé son étonnement après l’annonce par l’Union européenne du déclenchement d’une procédure d’arbitrage relative à des restrictions présumées sur le commerce et l’investissement. Dans un communiqué diffusé jeudi, le ministère des Affaires étrangères algérien a dénoncé une démarche « précipitée » et « unilatérale » de la part de Bruxelles.
Le chef de la diplomatie algérienne, Ahmed Attaf, a fait parvenir une lettre officielle à la Haute Représentante de l’Union européenne, Kaja Kallas, pour faire part de la position d’Alger. Selon le document, la partie algérienne ne comprend pas pourquoi la Commission européenne a choisi de clore si rapidement la phase de consultations bilatérales, alors que seuls deux échanges avaient eu lieu en l’espace de deux mois et que six des huit différends évoqués par l’UE étaient déjà en voie de règlement.
Le ministre a souligné qu’aucun élément dans l’évolution du dialogue ne justifiait une telle rupture. Il a rappelé que l’Algérie avait soumis des propositions concrètes sur les deux autres points de désaccord, mais n’avait reçu aucune réponse formelle de la part de ses interlocuteurs européens.
Pour Ahmed Attaf, cette initiative viole à la fois l’esprit et la lettre de l’accord d’association signé entre l’Algérie et l’UE en 2005, notamment ses articles 92 et 100. Il a regretté que Bruxelles semble ignorer le rôle central du Conseil d’association, seule instance compétente pour apprécier les résultats des consultations et décider des suites à donner.
Le communiqué précise qu’en sa qualité de président actuel du Conseil d’association, le ministre algérien a sollicité la convocation urgente d’une réunion de cette instance, qui ne s’est plus tenue depuis cinq ans malgré les demandes répétées d’Alger. Cette session permettrait, selon lui, d’aborder les préoccupations des deux parties dans un cadre équilibré et conforme aux dispositions de l’accord.
De son côté, l’Union européenne a confirmé mercredi avoir enclenché une procédure d’arbitrage, invoquant les restrictions imposées par l’Algérie depuis 2021, notamment sur les importations. Bruxelles affirme que ses exportations vers le marché algérien ont chuté de 30 % entre 2014 et 2024.