Le groupe jihadiste JNIM, affilié à Al-Qaïda, intensifie l’usage de drones armés dans le Sahel, selon un rapport alarmant du Policy Center for the New South publié hier, mardi 15 juillet. En dépit des efforts de modernisation des armées sahéliennes, cette nouvelle tactique technologique déstabilise leurs capacités de riposte.
Depuis septembre 2023, plus de 30 frappes par drones ont été confirmées, dont 82 % enregistrées depuis mars 2025, principalement au Mali, au Burkina Faso et au Togo. Les analystes évoquent également une possible extension vers le Niger et le Bénin.
Parmi les attaques les plus meurtrières :
- Juin 2025, Boulkessi (Mali) : des dizaines de soldats tués ;
- Avril 2025, Togo : 5 militaires tués ;
- Mai 2025, Eknewane (Niger) : 41 morts parmi les forces nigériennes.
Le JNIM utilise des drones commerciaux modifiés, notamment de type DJI ou FPV, équipés de charges explosives et guidés par des algorithmes d’intelligence artificielle hors ligne, ce qui leur permet d’échapper aux dispositifs de brouillage. Les vidéos des attaques sont diffusées dans une stratégie de guerre psychologique visant à démoraliser les armées régulières.
Malgré l’acquisition de drones armés turcs Bayraktar par les pays de la région, les armées sahéliennes peinent à contrer cette menace. Elles manquent de systèmes de détection performants, et leurs réponses restent désorganisées et dispersées, déplore Rida Lyammouri, co-auteur du rapport.
Le PCNS préconise :
- la création d’une task force régionale anti-drones,
- l’usage accru de brouilleurs, leurres et fumigènes,
- une formation spécifique aux tactiques de survie et de camouflage.
Dans un contexte où le Sahel devient le laboratoire d’une guerre asymétrique de nouvelle génération, les États concernés Mali, Burkina Faso et Niger ont annoncé la création prochaine d’une force conjointe de 5 000 hommes pour mutualiser leur réponse militaire face à l’offensive technologique du jihadisme.