Le président sud-africain Cyril Ramaphosa a suspendu Edward Senzo Mchunu, ministre de la Police, à la suite de révélations graves sur l’existence présumée d’un réseau criminel infiltré au cœur même de l’appareil sécuritaire et judiciaire du pays. Cette mesure a été annoncée dimanche 13 juillet, en même temps que la mise en place d’une commission d’enquête judiciaire, chargée de faire la lumière sur les soupçons d’ingérence dans les forces de l’ordre, le renseignement, la justice et même la magistrature.
À l’origine de cette tempête politique : une conférence de presse tenue le 6 juillet par le lieutenant-général Nhlanhla Mkhwanazi, chef de la police dans la province du KwaZulu-Natal. Il y dénonçait l’existence d’un “syndicat criminel” lié à des cartels de drogue, et impliquant des hauts responsables de la police, des magistrats, des procureurs et des politiciens, parmi lesquels le ministre Mchunu, accusé d’avoir interféré dans plusieurs enquêtes sensibles.
Face à ce scandale, Ramaphosa a déclaré que les faits évoqués étaient “extrêmement préoccupants pour la sécurité nationale, l’État de droit et la Constitution”, et a insisté sur la nécessité de restaurer la crédibilité des institutions. La commission d’enquête sera dirigée par le juge en chef adjoint par intérim Mbuyiseli Russel Madlanga, assisté des avocats Sesi Baloyi et Sandile Khumalo. Elle devra établir les faits, identifier les responsabilités parmi les actuels et anciens responsables de l’appareil sécuritaire, recommander des sanctions et réformes, et produire un rapport final à remettre au président, au parlement et au chef de la justice.
Dans l’attente des conclusions, le professeur Firoz Cachalia a été désigné pour assurer l’intérim à la tête du ministère de la Police. Le président a appelé la commission à faire preuve de “rigueur et rapidité”, alors que le pays s’inquiète de l’ampleur des réseaux mafieux au sein même de l’État.