L’Autorité de Gestion des Réparations en faveur des Victimes (AGRV) a présenté, le 9 juillet à Bamako, le rapport d’étape de sa première année d’activité. L’événement, présidé par le ministre de la Réconciliation, le Général Ismaël Wagué, a permis de faire le point sur les actions menées dans le cadre du processus de justice réparatrice engagé par l’État malien.
Selon les chiffres communiqués par le secrétaire exécutif adjoint de l’AGRV, le Colonel Malado Amadou Keïta, plus de 30 000 dépositions ont été enregistrées à travers le pays. Sur ces dossiers, 1 953 ont déjà été évalués, portant sur des cas de violences sexuelles, de pertes humaines, d’orphelins ou encore de veuves restées sans soutien.
Lancée pour reconnaître officiellement les souffrances vécues par des milliers de Maliens au cours des différentes crises, l’AGRV entend mettre en œuvre des réparations à la fois individuelles, collectives, psychologiques et symboliques. Pour les autorités, il s’agit non seulement d’apporter un soutien aux victimes, mais aussi de restaurer la confiance entre l’État et ses citoyens.
Le rapport présenté met en lumière cinq axes de travail, allant de la collecte de données à la mise en place de mécanismes de traitement informatisés, en passant par la formation des agents et l’adoption de procédures normalisées.
Toutefois, les responsables de l’AGRV reconnaissent que le chemin reste semé d’obstacles. Certaines demandes de réparation remontent à plusieurs décennies, rendant la vérification des faits particulièrement difficile. D’autres dossiers se chevauchent avec des procédures judiciaires déjà engagées, soulevant des questions juridiques complexes.
Malgré cela, un premier lot de réparations est attendu d’ici la fin de l’année 2025, a précisé le Colonel Keïta, soulignant l’urgence de transformer les engagements en actions concrètes.
L’approche de l’AGRV vise à replacer les victimes au centre du dispositif. Parmi les publics ciblés figurent notamment les enfants nés de viols, les personnes handicapées, les femmes en situation de deuil ou encore les orphelins. Le travail de réparation ne se limite donc pas à des indemnisations financières, mais inclut aussi des mesures de reconnaissance et de soutien social.
L’AGRV prévoit également de développer sa visibilité à travers un site web et un plan de communication 2024-2027 afin de mieux informer les citoyens et de promouvoir la transparence de ses activités.
Pour les responsables maliens, cette démarche de réparation constitue un levier essentiel pour reconstruire une société apaisée. Le ministre Ismaël Wagué a salué « la rigueur du travail accompli » tout en appelant à maintenir la dynamique enclenchée.
En 2025, le Mali affirme ainsi sa volonté d’avancer dans le respect de la mémoire des victimes, non plus en silence, mais en actes. Loin de se limiter à un exercice administratif, l’AGRV s’inscrit dans une démarche de reconnaissance, de justice et de réconciliation nationale.