Génocide de Srebrenica : 30 ans après, une vie toujours marquée pour les musulmans bosniaques

A partir du 11 au 16 juillet 1995, plus de 8 000 musulmans bosniaques ont été massacrés à Srebrenica, dans l’est de la Bosnie-Herzégovine, par l’armée serbe de Bosnie. Trente ans plus tard, les cicatrices demeurent, et la confiance entre communautés reste fragile. En juillet 1995, malgré la présence de casques bleus néerlandais, les forces serbes de Bosnie ont pris la ville assiégée. Les hommes musulmans en âge de combattre ont été séparés, puis exécutés sommairement, tandis que femmes, enfants et personnes âgées étaient déplacés de force.

Le général Ratko Mladic, surnommé « le boucher des Balkans », fut condamné à la prison à vie en 2017 pour génocide et crimes contre l’humanité, après des années de cavale. Malgré ce verdict, le déni persiste, notamment en Republika Srpska, entité serbe de Bosnie, où les autorités refusent encore de reconnaître le massacre comme un génocide. Le président Milorad Dodik a récemment réaffirmé ce déni.

Ce refus s’inscrit dans un contexte plus large de discrimination à l’encontre des musulmans bosniaques en Republika Srpska. Depuis 2017, les manuels scolaires serbes de Bosnie occultent le génocide, parfois en glorifiant des criminels de guerre. Sur le terrain, la méfiance entre communautés complique la vie quotidienne. Beaucoup hésitent à faire confiance à des professionnels issus de l’autre communauté, comme le souligne l’anthropologue Aline Cateux.

Toutefois, dans certaines zones rurales de Republika Srpska, une coexistence pragmatique s’observe, avec des échanges et entraides entre voisins de communautés différentes.

Ces tensions alimentent un exode massif, surtout chez les jeunes qui n’ont pas connu la guerre. Certains s’intéressent à l’histoire et visitent les lieux de mémoire, tandis que d’autres privilégient des priorités actuelles telles que la lutte contre la corruption ou la protection de l’environnement.

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