Crimes au Darfour : la CPI dénonce l’impunité persistante malgré des preuves accablantes

La Cour pénale internationale (CPI) affirme disposer de preuves solides de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité commis au Darfour, tandis que les auteurs présumés demeurent en liberté, malgré des mandats d’arrêt internationaux émis depuis des années.

Dans un contexte de violences aggravées et de crise humanitaire aiguë dans l’ouest du Soudan, la procureure adjointe Nazhat Shameem Khan a déclaré jeudi devant le Conseil de sécurité de l’ONU : « Nous avons des motifs raisonnables de croire que des crimes graves sont toujours en cours au Darfour. »

Les faits évoqués sont alarmants : viols utilisés comme armes de guerre, attaques de convois humanitaires, famine, enlèvements. La région est devenue l’épicentre du conflit opposant depuis avril 2023 l’armée régulière aux Forces de soutien rapide (FSR).

Malgré des missions menées dans les camps de réfugiés au Tchad, plus de 7000 preuves collectées, et une coopération engagée avec les autorités de Port-Soudan, la CPI peine à obtenir justice. La procureure adjointe insiste : « Nos enquêtes ne seront complètes que lorsque les victimes, notamment les femmes darfouries, pourront témoigner publiquement devant la Cour. »

Mais le chemin vers la justice reste semé d’embûches : ressources limitées, absence de coopération étatique, division du Conseil de sécurité, et surtout, la non-extradition de figures clés comme Omar Al-Bachir ou Ahmad Harun, toujours libres.

Face à cela, la procureure appelle les États à renforcer leur soutien à la CPI, défendant une justice indépendante et impartiale. Des pays comme la France, la Corée du Sud ou la Sierra Leone ont soutenu cette ligne, tandis que la Russie et les États-Unis ont remis en cause la légitimité politique de la Cour.

Le représentant soudanais, tout en réaffirmant l’importance de la justice, a rappelé que son pays n’est pas signataire du Statut de Rome, invoquant les limites d’un système judiciaire affaibli par la guerre.

Malgré tout, la CPI maintient sa position : « Nous ne renoncerons pas. La justice peut devenir le socle de la paix au Darfour », a conclu Mme Khan.

Dans cette région ravagée par deux décennies de conflit, le droit reste l’un des rares espoirs d’une reconstruction durable.

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