Le complexe aurifère Loulo-Gounkoto a repris ses activités le lundi 7 juillet, après six mois de suspension. Cette relance, sous administration provisoire désignée par la justice malienne, intervient alors que le différend fiscal entre l’État malien et le géant canadien Barrick Gold s’enlise sur la scène internationale.
À l’origine du bras de fer : l’application du nouveau code minier malien, que Bamako veut imposer à Barrick, troisième producteur mondial d’or. En janvier, les autorités ont saisi la mine, gelé l’exploitation et confisqué trois tonnes d’or. Le redémarrage s’est accompagné de la vente annoncée d’une tonne supplémentaire, estimée à près de 107 millions USD (environ 65 milliards FCFA), pour financer le paiement des arriérés salariaux.
Le site est désormais dirigé provisoirement par Soumana Makadji, ancien ministre, assisté de Samba Touré, ex-responsable sur le complexe. Ils ont rencontré syndicats et sous-traitants pour rassurer sur la relance. Pourtant, sans l’appui des techniciens expatriés de Barrick, qui ont quitté le pays, le retour à une pleine capacité de production pourrait prendre plusieurs mois.
Barrick, de son côté, a engagé une procédure d’arbitrage international devant le CIRDI et dénonce une « reprise illégitime ». Son PDG, Mark Bristow, évoque des violations du droit international et affirme que seuls les employés basés à Bamako ont été récemment payés, laissant les autres dans l’incertitude. En conséquence, le groupe a revu à la baisse ses projections de production pour 2025.
Ce conflit reflète une volonté claire de l’État malien : capter une part plus importante des revenus d’un secteur clé, dans un contexte où le cours de l’or a bondi de 25 % depuis janvier. Mais il soulève aussi des inquiétudes chez les investisseurs internationaux. L’issue de la procédure engagée devant les juridictions du CIRDI pourrait redéfinir les rapports entre souveraineté nationale et investissements étrangers dans les ressources stratégiques du Mali.