Libye : le Gouvernement de l’Est expulse une délégation européenne pour « violation de souveraineté »

Une délégation ministérielle de l’Union européenne a été déclarée « persona non grata » mardi 8 juillet 2025 par les autorités de l’Est libyen, qui ont exigé son départ immédiat après son arrivée à Benghazi. Cette décision marque une nouvelle escalade dans les tensions diplomatiques entre les autorités parallèles de la Cyrénaïque et les partenaires occidentaux.

Selon un communiqué officiel du gouvernement d’Osama Hammad, désigné par la Chambre des représentants basée à Tobrouk, la visite des ministres de l’Intérieur d’Italie, de Grèce et de Malte, accompagnés du commissaire européen aux migrations, a été annulée dès leur atterrissage à l’aéroport de Benina. Les autorités locales les ont informés de leur expulsion immédiate, invoquant des « violations flagrantes des normes diplomatiques ».

Le texte ne précise pas la nature exacte de ces violations, mais les autorités parlent d’un « mépris manifeste des lois libyennes » et d’un non-respect des procédures officielles d’entrée sur le territoire. « Aucun acteur étranger ne saurait entrer en Libye sans respecter nos règles, nos lois et notre souveraineté », a tranché le gouvernement de l’Est.

La délégation européenne, qui comptait entamer des discussions sur les migrations, la sécurité frontalière et les investissements en infrastructures, n’a pas pu amorcer sa mission. L’incident survient dans un climat de méfiance grandissante entre les autorités de l’Est libyen et certains partenaires internationaux.

La Libye reste politiquement scindée. À l’ouest, le gouvernement de Tripoli, dirigé par Abdelhamid Dbeibeh et reconnu par l’ONU, garde la main sur la capitale et les institutions centrales. À l’est, Osama Hammad exerce le pouvoir avec le soutien du maréchal Khalifa Haftar et d’une grande partie du Parlement.

Ce bras de fer autour de la légitimité et de la reconnaissance internationale se double d’un discours de fermeté. L’expulsion de la délégation européenne réaffirme le message de l’Est libyen : « aucun compromis sur la souveraineté nationale ». Le gouvernement de Benghazi appelle désormais toutes les représentations diplomatiques et organisations internationales à « une stricte conformité aux protocoles diplomatiques », au nom d’un « traitement réciproque entre États ».

Alors que les Nations unies tentent toujours de rapprocher les deux camps pour organiser des élections nationales, cet épisode pourrait compliquer davantage les négociations. Il met aussi en lumière la volonté des autorités de l’Est de s’imposer comme un interlocuteur à part entière sur la scène internationale, en dehors du canal officiel de Tripoli.

En attendant une réaction officielle de l’Union européenne, l’incident souligne à nouveau les risques diplomatiques d’interventions dans un pays où la fragmentation politique reste profonde, et où chaque partie défend farouchement son autorité.

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