Le ton est grave, la parole incisive. Invité sur BeAfrica WebTV, l’ancien ministre béninois Ganiou Soglo a livré un diagnostic sans détour de la situation politique au Bénin. Selon lui, le pays vit une dérive autoritaire inquiétante, marquée par la destruction progressive du pluralisme démocratique et la criminalisation de toute voix dissonante. « Il y a une destruction de la démocratie pluraliste au Bénin pour empêcher toute voix discordante », accuse-t-il. Pour lui, le débat d’idées est désormais perçu comme un acte de rébellion contre le pouvoir.
Le constat est amer : toute critique est étouffée, tout opposant suspecté, et toute indépendance intellectuelle durement sanctionnée, explique-t-il. Dans ce climat de méfiance généralisée, poursuit-il, les citoyens, journalistes, universitaires ou hommes politiques n’ont plus la liberté de s’exprimer sans craindre pour leur avenir, leur carrière, voire leur sécurité. « Vous êtes obligé de quitter votre pays, soit vous vous retrouvez en prison », résume Ganiou Soglo, comme un cri d’alarme.
Selon lui, la démocratie béninoise a basculé dans une ère de surveillance, d’auto-censure et d’intimidation politique. A l’en croire, le pluralisme, pourtant pierre angulaire d’un État de droit, serait réduit à une simple vitrine. Dans les faits, il ne resterait plus qu’un seul courant autorisé : celui de l’adhésion inconditionnelle au régime en place, clame-t-il.
Ce durcissement du climat politique s’accompagne, selon G. Soglo, d’une instrumentalisation des institutions.