À l’abri des projecteurs, Rabat et Berlin approfondissent depuis plusieurs mois une coopération bilatérale à haute valeur stratégique. Sécurité, énergie verte, innovation technologique : autant de domaines au cœur de cette dynamique qui pourrait prochainement déboucher sur un partenariat structurant de long terme.
Depuis janvier 2025, une série d’échanges intensifs entre responsables ministériels et experts techniques a pavé la voie à un cadre de collaboration renforcé, selon des sources diplomatiques proches du dossier. Les deux pays semblent vouloir miser sur la continuité et la cohérence, sans céder à l’agitation médiatique.
En matière de sécurité, Rabat et Berlin consolident leur coordination dans la lutte contre les menaces transnationales. Les ministères de l’Intérieur et de la Défense des deux pays travaillent à la mise en place de formations conjointes pour les unités spécialisées, avec un accent sur la cybersécurité, la surveillance des frontières et les mécanismes de résilience urbaine. Le partage de renseignements sur les réseaux terroristes et criminels est en cours de renforcement.
Sur le plan énergétique, l’Allemagne réaffirme son engagement en faveur de la transition verte du Maroc, saluant ses ambitions de décarbonation. Des investissements allemands sont attendus dans les énergies renouvelables, notamment autour de projets pilotes liés à l’hydrogène vert. L’un des plus avancés concerne l’export d’ammoniac vert depuis la région de Guelmim-Oued Noun vers Hambourg, porté par un modèle de financement public-privé.
La coopération maroco-allemande s’étend aussi au champ technologique. La GIZ discute actuellement avec plusieurs universités marocaines de la création de pôles d’innovation, avec une orientation sur l’intelligence artificielle, la robotique appliquée à l’agriculture, et la formation professionnelle duale. Le Maroc est vu par Berlin comme un terrain favorable à l’expérimentation de technologies adaptées aux défis africains, notamment climatiques.
Au-delà des aspects techniques, la dimension politique du rapprochement se confirme. L’Allemagne a réitéré son appui au plan marocain d’autonomie pour le Sahara, consolidant ainsi le rôle du royaume comme acteur stabilisateur dans la région, en particulier en Méditerranée et au Sahel. Les diplomates européens saluent la capacité de Rabat à maintenir un dialogue avec l’ensemble des parties prenantes, même en contexte de tension.
Malgré une discrétion volontaire, les signes d’une entente durable s’accumulent. Le Maroc et l’Allemagne semblent construire, pas à pas, une alliance équilibrée, fondée sur la confiance, la complémentarité et un multilatéralisme pragmatique. Une stratégie partagée qui s’inscrit dans les grandes transitions du XXIᵉ siècle : écologiques, technologiques et diplomatiques.