Le maréchal Khalifa Haftar a accueilli lundi à Benghazi le ministre grec des Affaires étrangères, Giorgos Gerapetritis, venu en visite officielle dans un contexte de repositionnements diplomatiques et économiques en Méditerranée. Cette rencontre marque un renforcement notable des relations entre la Grèce et l’Est libyen, bastion de l’Armée nationale libyenne (ANL).
Au cœur des discussions : la relance du dialogue politique en Libye, la défense de la souveraineté nationale et le soutien aux investissements dans des secteurs clés. Haftar a défendu l’idée d’une réconciliation strictement libyenne, sans interférence extérieure, en appelant à une entente « patriotique » entre institutions rivales pour sortir de l’impasse institutionnelle. Il a également insisté sur la mise en place d’un pouvoir unifié, tenant compte des réalités régionales.
La délégation grecque, composée de diplomates et d’acteurs économiques, a exprimé son intérêt pour des partenariats dans les domaines de l’énergie, de la sécurité et des infrastructures. Plusieurs projets ont été évoqués, dont l’exploitation du gaz offshore, la réhabilitation du port de Derna endommagé par la tempête Daniel en 2023, et la création d’un axe commercial reliant la Cyrénaïque à la Méditerranée orientale.
À l’issue des échanges, une déclaration conjointe a réaffirmé l’attachement des deux parties à un processus de dialogue interlibyen sous l’égide des pays de la région, jugé plus légitime que les seules initiatives onusiennes. Le ministre grec a salué la relative stabilité de l’Est libyen et plaidé pour la tenue d’élections générales crédibles.
Cette visite a toutefois provoqué l’ire du gouvernement d’union nationale basé à Tripoli. Dans un communiqué, le ministère des Affaires étrangères a dénoncé une atteinte à la souveraineté de l’État et rejeté toute reconnaissance implicite des autorités de l’Est.
En arrière-plan, cette démarche s’inscrit dans une stratégie grecque plus large de renforcement de ses alliances en Afrique du Nord, notamment face aux tensions maritimes persistantes avec la Turquie. La Cyrénaïque, par l’intermédiaire de son Agence nationale de développement, multiplie les ouvertures vers les investisseurs étrangers dans l’espoir de se positionner comme un pôle économique autonome et influent dans la région.