Du 9 au 11 juillet, Washington accueillera un mini-sommet inédit entre Donald Trump et cinq présidents africains. Objectif affiché : renforcer les liens économiques et sécuritaires. Mais en toile de fond, un climat tendu : plusieurs pays invités sont visés par des projets d’interdiction d’entrée aux États-Unis.
Seront présents à cette rencontre restreinte : Joseph Boakai (Libéria), Bassirou Diomaye Faye (Sénégal), Mohamed Ould Cheikh el Ghazouani (Mauritanie), Brice Clotaire Oligui Nguema (Gabon) et Umaro Sissoco Embaló (Guinée-Bissau). Ce format sélectif tranche avec les traditionnels sommets multilatéraux et s’inscrit dans la dynamique du 17ᵉ Sommet États-Unis–Afrique des affaires récemment tenu à Luanda, où plus de 2,5 milliards de dollars de contrats ont été signés.
Selon le Département d’État américain, ce mini-sommet vise à approfondir les partenariats dans les domaines du commerce, de l’investissement et de la sécurité, notamment autour des minéraux stratégiques, de la sûreté maritime dans le golfe de Guinée et de la lutte contre le crime organisé.
Mais cette volonté d’ouverture diplomatique cohabite difficilement avec les menaces d’exclusion qui pèsent sur 25 pays africains, dont le Sénégal, le Gabon, la Mauritanie et le Libéria. Ces États, pourtant représentés à Washington, figurent sur une liste confidentielle transmise aux chancelleries africaines le 14 juin dernier. Motifs invoqués : fraudes documentaires, problèmes de visas et risques sécuritaires.
Cette stratégie ambivalente de l’administration Trump suscite l’incompréhension. D’un côté, elle prône une coopération « gagnant-gagnant » avec des partenaires africains jugés stratégiques ; de l’autre, elle agite la menace de restrictions migratoires touchant ces mêmes pays.
Le mini-sommet servira-t-il à désamorcer ces tensions ? Rien n’est moins sûr. En juin déjà, une première vague de sanctions avait visé une douzaine de pays africains. Pour de nombreux observateurs, ce double discours complique les ambitions américaines sur un continent convoité par d’autres puissances, dont la Chine et la Russie.
À quelques mois de l’élection présidentielle américaine, Donald Trump cherche à afficher une posture d’homme d’affaires pragmatique, tout en maintenant une ligne dure sur la migration. Une équation difficile à résoudre sans fissurer la confiance des partenaires africains.