Claver Gatete, Secrétaire exécutif de la Commission économique pour l’Afrique (CEA), exhorte les pays africains à franchir un cap décisif en misant sur l’énergie nucléaire pour faire face à la crise énergétique persistante sur le continent. Dans une tribune rendue publique mercredi, il rappelle que près de 600 millions d’Africains vivent encore sans accès à l’électricité, alors même que la demande devrait quadrupler d’ici 2040, portée par la croissance démographique et la dynamique économique, notamment avec la mise en œuvre de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf).
M. Gatete souligne le paradoxe d’un continent qui fournit de l’uranium au monde entier tout en restant l’un des moins électrifiés, avec seulement 3 % de la production mondiale d’électricité pour 17 % de la population mondiale. Il déplore une « pauvreté énergétique » qui freine l’industrialisation, ralentit les progrès sanitaires et limite les perspectives économiques.
Il met en avant plusieurs initiatives en cours : la centrale nucléaire de Koeberg en Afrique du Sud, en service depuis 40 ans, ou encore le mégaprojet d’El Dabaa en Égypte, où quatre réacteurs de 1 200 MW sont en construction. Le Ghana, de son côté, s’est allié à NuScale Power pour explorer le potentiel des petits réacteurs modulaires (PRM). D’autres pays comme le Rwanda, le Nigeria, l’Ouganda ou la Zambie développent eux aussi des programmes nucléaires civils.
Pour Claver Gatete, l’Afrique doit désormais accélérer, en commençant par des PRM capables d’alimenter des zones industrielles et minières, avant de viser des installations plus vastes. Il appelle à la création d’une alliance nucléaire africaine pour mutualiser les expertises, faciliter le transfert de technologie et obtenir des financements plus accessibles.
« Il est temps pour l’Afrique de passer à l’action », insiste-t-il, convaincu que le nucléaire peut jouer un rôle clé dans la transformation énergétique du continent s’il est mis en œuvre de manière stratégique et collaborative.