Moscou veut reprendre les négociations avec Kiev à Istanbul

La Russie propose à l’Ukraine une nouvelle rencontre directe à Istanbul le 2 juin prochain, avec l’intention de présenter un « mémorandum » détaillant ses conditions pour un éventuel accord de paix. Une initiative saluée avec prudence par Kiev, qui attend d’abord de connaître les exigences russes. Sergueï Lavrov a annoncé mercredi 28 mai que la délégation russe, conduite par Vladimir Medinski, est prête à rencontrer son homologue ukrainienne pour discuter du contenu de ce document. Les deux camps s’étaient déjà retrouvés dans la capitale turque le 16 mai, sans avancée majeure, mais avec un échange massif de prisonniers : mille contre mille.

Le ministre ukrainien de la Défense, Roustem Oumerov, a réagi sur X en affirmant que Kiev ne s’opposait pas à une nouvelle réunion, à condition que Moscou transmette son texte préalablement. « La partie russe dispose encore d’au moins quatre jours avant son départ pour nous fournir son document à examiner », a-t-il souligné. Washington, de son côté, appelle la Russie à des négociations « de bonne foi ». C’est le message transmis par Marco Rubio, secrétaire d’État américain, à son homologue russe lors d’un échange téléphonique. Tammy Bruce, porte-parole du département d’État, a rappelé que Donald Trump soutient « un dialogue constructif » comme seule issue à la guerre.

Les positions restent pourtant profondément opposées. Moscou exige que l’Ukraine abandonne toute ambition d’adhésion à l’OTAN et reconnaisse l’annexion de cinq régions, des conditions jugées inacceptables par Kiev. Volodymyr Zelensky continue d’appeler à un sommet trilatéral avec Vladimir Poutine et Donald Trump, mais cette proposition a été rejetée par le Kremlin. Moscou estime qu’une telle rencontre ne peut être envisagée qu’après des « accords concrets » entre les délégations.

En visite à Berlin, le président ukrainien a accusé la Russie de « chercher des excuses pour prolonger la guerre ». Il a obtenu du chancelier allemand Friedrich Merz un engagement de coopération dans la production de missiles de longue portée, en Ukraine comme en Allemagne. Cette coopération soulève de nouveau la question des frappes profondes sur le territoire russe, un sujet sensible pour les alliés occidentaux. Zelensky a également exhorté l’OTAN à inviter officiellement l’Ukraine à son prochain sommet, affirmant qu’une absence de réponse serait « une victoire pour Poutine ».

Parallèlement aux manœuvres diplomatiques, le conflit s’intensifie sur le terrain. Dans la nuit du 27 au 28 mai, la Russie a été ciblée par près de 300 drones ukrainiens, une des plus vastes attaques aériennes depuis le début de la guerre. Moscou et plusieurs aéroports ont été perturbés, sans dégâts majeurs selon les autorités russes. Tass a révélé que l’hélicoptère de Vladimir Poutine avait été ciblé par une attaque lors de sa visite dans la région de Koursk le 20 mai. Selon un commandant de la défense aérienne, le président russe se trouvait « au cœur de la riposte » déclenchée ce jour-là.

L’Ukraine, elle aussi, subit des attaques répétées. Dimanche, 13 civils ont été tués, dont trois enfants, dans des frappes russes. Lundi, aucune victime n’a été signalée malgré une offensive impliquant 355 drones, un record selon l’armée de l’air ukrainienne.

Partage:
Laisser un commentaire

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *