Le gouvernement tchadien a opposé une fin de non-recevoir à l’intervention d’avocats étrangers dans le dossier de Succès Masra, ancien Premier ministre incarcéré après les violences meurtrières de Mandakao. Arrêté le 16 mai, Masra est désormais placé en détention provisoire. Ses avocats dénoncent un complot et qualifient le dossier de purement politique. Pour appuyer leur défense, un collectif international s’est constitué, comprenant notamment les Français William Bourdon et Vincent Brengarth. Leur tentative d’entrée en scène a été immédiatement rejetée par les autorités.
Dans un communiqué publié ce 22 mai, le gouvernement affirme que la procédure judiciaire est menée en toute souveraineté, sans pression extérieure. « Il n’est pas question d’autoriser une quelconque ingérence », a insisté le porte-parole, défendant la régularité du processus : arrestation, présentation au parquet, ouverture d’information judiciaire et mise sous mandat de dépôt.
Les accusations sont graves : au moins 42 civils ont été tués le 14 mai à Mandakao. N’Djamena assure vouloir faire toute la lumière sur cette tragédie et rendre justice de façon indépendante. Les avocats de Masra, eux, évoquent un enregistrement audio transmis début mai aux autorités et dénoncent une procédure déclenchée après l’arrestation. Ils s’indignent aussi du déploiement massif de forces de sécurité lors de l’audience, qu’ils interprètent comme une tentative d’intimidation.
Sur le plan international, les conseils de Masra ont saisi plusieurs instances, dont le Groupe de travail de l’ONU sur la détention arbitraire et le Conseil de l’Europe. Ils promettent aussi d’alerter des ONG sur ce qu’ils considèrent comme une violation des droits fondamentaux.
Contexte tendu : revenu d’exil en octobre 2023 après l’accord de Toumaï, Masra s’était réinséré dans la vie politique. Pour le pouvoir, cela ne le met pas à l’abri de poursuites en cas de faits graves. Mahamat Idriss Déby réaffirme son attachement au dialogue, tout en martelant que l’État de droit ne saurait être sacrifié.