L’usine Renault d’Oran restera à l’arrêt. Le gouvernement algérien a décidé de maintenir la suspension de ses activités, évoquant des manquements graves aux engagements contractuels pris par le constructeur français, en particulier sur le taux d’intégration locale. Inaugurée en 2014 à Oued Tlelat, l’usine devait atteindre un taux de 30 % d’intégration de composants locaux dans un délai de cinq ans. Selon l’ex-ministre de l’Industrie Ferhat Ait Ali, Renault n’aurait jamais dépassé les 4 %, un seuil jugé largement insuffisant. Ce déficit de contenu local, combiné à une participation financière jugée déséquilibrée, a conduit Alger à suspendre l’activité du site dès 2020.
Sur les 170 millions d’euros investis dans la coentreprise, Renault n’en aurait apporté que 10, alors qu’il en détenait 49 % du capital. Le reste du financement provenait d’institutions financières algériennes, avec une majorité détenue par la partie nationale, successivement représentée par la SNVI, Madar et le Fonds national d’investissement. Les autorités algériennes reprochent aussi au groupe d’avoir manipulé les calculs du taux d’intégration en excluant des composants majeurs comme le moteur ou la boîte de vitesses, ce qui aurait artificiellement gonflé les chiffres.
Renault a tenté en février 2025 d’obtenir un nouvel agrément pour relancer ses opérations dans le pays, mais sa demande a été rejetée. La Chambre de commerce algéro-française reste toutefois prudente, évoquant un refus non définitif. Le constructeur chercherait à corriger les points litigieux pour espérer relancer l’usine. Au-delà des considérations industrielles, cette affaire reflète également les tensions persistantes entre Alger et Paris, sur fond de rapports diplomatiques régulièrement marqués par la méfiance.