Gaza : les premiers camions d’aide humanitaire y entrent pour la première fois depuis mars, sous la pression internationale exercée sur Israël

Après près de trois mois de blocus, des camions transportant de l’aide humanitaire ont enfin pu entrer dans la bande de Gaza, lundi 19 mai, via le poste-frontière de Kerem Shalom. Une décision du gouvernement israélien qualifiée de tardive et largement insuffisante par les Nations unies et plusieurs puissances occidentales.

Sous pression de ses alliés, notamment après des menaces de retrait de soutien, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a cédé, annonçant l’entrée d’une « quantité basique » de vivres et de médicaments. Il a justifié cette mesure par la nécessité d’éviter une crise humanitaire qui pourrait nuire à la poursuite de l’offensive militaire contre le Hamas.

Mais le patron de l’aide humanitaire de l’ONU, Tom Fletcher, a immédiatement relativisé l’annonce : « Ce n’est qu’une goutte d’eau dans un océan de besoins urgents », a-t-il déclaré, en appelant à un accès massif et immédiat aux populations affamées. Lundi, seuls neuf camions ont été autorisés à entrer par Israël, dont cinq affrétés par l’ONU, contenant notamment de la nourriture pour nourrissons.

Crise humanitaire et critiques internationales

Durant la trêve de début d’année, quelque 600 camions entraient chaque jour à Gaza. Aujourd’hui, les files de camions chargés d’aide s’allongent toujours à Al-Arish, en Égypte, en attente d’autorisation. Sur le terrain, les images de Palestiniens s’arrachant des repas distribués par des cuisines caritatives à Jabalia ou Khan Younis illustrent la gravité de la situation : famine, pénuries médicales, infrastructures détruites.

Face à cette urgence, les dirigeants du Royaume-Uni, de la France et du Canada ont dénoncé lundi, dans une déclaration conjointe, la réponse israélienne comme « totalement inadéquate ». Ils exigent l’arrêt immédiat des opérations militaires et l’ouverture totale de l’accès humanitaire, accusant Israël de violer le droit humanitaire international.

Polémiques autour du nouveau mécanisme de distribution

Pour éviter que l’aide ne tombe « entre les mains du Hamas », selon les mots du gouvernement israélien, une nouvelle structure de distribution baptisée Gaza Humanitarian Foundation (GHF), soutenue par les États-Unis, devrait voir le jour dans les prochains jours. Cette organisation civile américaine serait chargée de gérer l’acheminement et la distribution directe des vivres aux populations.

Mais cette idée ne convainc pas les ONG. Plusieurs grandes organisations humanitaires internationales ont déjà refusé d’y participer, jugeant le dispositif irréaliste et inefficace. Elles alertent sur le risque de court-circuiter les acteurs déjà présents sur le terrain, au détriment des civils les plus vulnérables.

Netanyahu maintient sa ligne dure

Malgré la pression croissante, Benjamin Netanyahu a réaffirmé son objectif : « prendre le contrôle de toute la bande de Gaza ». Il a reconnu que certains de ses partenaires d’extrême droite s’opposaient farouchement à toute aide. L’un d’eux, le ministre des Finances Bezalel Smotrich, a indiqué que « pas un seul grain ne devait atteindre le Hamas », saluant le futur rôle d’entreprises américaines dans la distribution.

Dans le même temps, les bombardements israéliens se sont intensifiés. Selon les autorités de santé gérées par le Hamas, plus de 53 000 personnes ont péri depuis le début de la guerre, dont 464 au cours de la dernière semaine. Israël, de son côté, parle de « destruction de ce qu’il reste de Gaza », en riposte à l’attaque du 7 octobre 2023, qui avait fait 1 200 morts et 251 otages israéliens.

Le conflit s’enlise et l’aide reste bloquée. Et sur les toits effondrés de Khan Younis, au milieu des ruines, la population civile continue de crier famine.

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