Le Conseil français du culte musulman (CFCM) tire la sonnette d’alarme. Dans un communiqué publié mardi, il dénonce une situation de « crime contre l’humanité » à Gaza et appelle Emmanuel Macron à sortir du silence. « Des enfants meurent de faim dans l’indifférence générale », déplore l’institution, qui décrit un blocus total, des convois humanitaires visés, une famine organisée. Pour le CFCM, il s’agit d’un « siège » et d’une « stratégie d’éradication » appliqués à un peuple « piégé » et « abandonné ». Il accuse les grandes puissances de complicité par passivité : « C’est une extermination lente, méthodique, visible et consentie ».
Face à cette tragédie, le Conseil interpelle directement le président français. Il exige une condamnation claire et immédiate, ainsi que des actions diplomatiques concrètes pour « faire cesser le massacre ». La France, souligne-t-il, a une responsabilité morale et politique, et doit faire entendre une voix forte au sein de la communauté internationale. « L’Histoire jugera sévèrement l’inaction et le silence », conclut le communiqué, appelant à une mobilisation urgente.
Le contexte humanitaire reste dramatique. Depuis le 2 mars, Israël bloquait totalement l’aide à Gaza. Le 20 mai, les Nations unies ont annoncé une réouverture partielle du point de passage de Kerem Shalom, autorisant l’entrée de 100 camions d’aide. Trop peu, trop tard, estiment les ONG. Médecins du Monde, Oxfam et le Norwegian Refugee Council dénoncent « l’un des pires échecs humanitaires de notre génération » et parlent d’un « effondrement total de l’aide ».
Malgré les appels à un cessez-le-feu, les bombardements israéliens se poursuivent. Plus de 3 000 Palestiniens ont été tués depuis la reprise des hostilités le 18 mars. Le bilan global dépasse désormais les 53 000 morts depuis octobre 2023, en majorité des femmes et des enfants.
La justice internationale, elle aussi, s’est saisie du dossier. Le 26 janvier 2024, la Cour internationale de Justice a ordonné à Israël de prévenir tout acte de génocide et de permettre l’acheminement de l’aide. En novembre, la Cour pénale internationale a émis des mandats d’arrêt contre plusieurs dirigeants israéliens, dont le Premier ministre Benyamin Netanyahu, pour crimes contre l’humanité.
Le cri du CFCM s’ajoute à ceux qui, dans le monde, réclament que Gaza ne reste pas un gouffre sans témoin. « L’heure n’est plus à l’observation, mais à l’action », insiste-t-il. Reste à voir si la France répondra à cet appel.