Pour Hajo Funke, politologue à l’Université libre de Berlin, Istanbul représente le lieu idéal pour rouvrir les négociations entre la Russie et l’Ukraine. Selon l’AA, il y voit un « signe d’espoir », mais aussi peut-être la dernière chance d’éviter une guerre sans fin. Alors que la Türkiye s’apprête à accueillir de nouveaux pourparlers, trois ans après l’échec des discussions de mars 2022, Funke rappelle que la médiation d’Erdogan avait alors permis des avancées concrètes, stoppées par l’OTAN. Il accuse Washington et Londres, sous Biden et Johnson, d’avoir bloqué la voie du dialogue pour pousser à l’escalade militaire.
Selon lui, la proposition de Vladimir Poutine de reprendre les négociations directes à Istanbul à partir du 15 mai ouvre une brèche. Zelensky a répondu qu’il attendrait de voir si Moscou envoie un représentant crédible avant de s’engager. Funke estime que la Türkiye reste le seul médiateur accepté des deux côtés. Ni Riyad, ni Paris, ni Berlin ne présentent aujourd’hui les conditions nécessaires pour abriter des négociations équitables.
Mais les obstacles restent nombreux. Deux points sont cruciaux : un compromis sur la sécurité et sur le territoire. « Si des progrès sont réalisés d’ici jeudi, ce sera un bon point de départ », juge-t-il. Mais selon lui, une rencontre directe entre Zelensky et Poutine n’aura lieu que si une véritable chance de succès se profile. Il critique aussi l’inaction de l’Union européenne. Pour lui, les menaces de sanctions supplémentaires proférées par le chancelier allemand Friedrich Merz ne font que refléter la faiblesse diplomatique de l’Europe. « On ne lance pas un ultimatum sans en maîtriser les conséquences », tranche-t-il.
Enfin, Funke évoque l’influence de Donald Trump, qui pousserait les deux dirigeants à s’engager sérieusement. Même si aucun des deux ne se rend à Istanbul dans l’immédiat, les discussions doivent continuer, insiste-t-il : « S’il y a une chance de compromis du côté ukrainien, alors il y en a une pour Poutine aussi. »