Interpellé par la championne d’haltérophilie Sylvie Eberena sur le port du voile dans le sport, Emmanuel Macron a réaffirmé mardi soir sur TF1 son soutien à l’interdiction des signes religieux dans les compétitions officielles. Le président s’est dit favorable à l’application de la charte olympique, qui proscrit tout affichage religieux durant les épreuves. En revanche, il a laissé la liberté aux fédérations de décider pour la pratique sportive en dehors du cadre compétitif : « Pour la pratique, c’est aux fédérations de décider », a-t-il précisé.
Le débat, relancé par une proposition de loi adoptée au Sénat le 18 février, s’intensifie. Le texte, qui vise à interdire les signes religieux dans toutes les compétitions sportives, y compris amateurs, doit encore être examiné à l’Assemblée nationale. Plusieurs membres du gouvernement ont exprimé des positions divergentes, mais le Premier ministre François Bayrou a choisi de soutenir Bruno Retailleau et Gérald Darmanin, favorables à la mesure.
Cette question s’inscrit dans un contexte tendu, où le port du voile cristallise les tensions politiques et sociales. Le gouvernement est régulièrement accusé de stigmatiser les femmes musulmanes. Selon le Collectif contre l’islamophobie en Europe (CCIE), 76 % des victimes d’actes islamophobes recensés en 2024 sont des femmes, et le voile est impliqué dans 40 % des discriminations signalées.
Le CCIE a enregistré 1 037 actes islamophobes l’an dernier, soit une hausse de 25 % par rapport à 2023, tandis que les statistiques officielles du ministère de l’Intérieur n’en recensent que 173, en baisse de 29 %. Cette divergence illustre le fossé entre les chiffres de l’État et la réalité perçue par les associations.