Des partis politiques maliens ont dénoncé des violences et des actes d’intimidation contre leur meeting tenu à Bamako samedi 3 mai. Des individus, présentés comme des soutiens du régime de transition, auraient agressé des participants et perturbé la réunion. Réunis au Palais de la Culture Amadou Hampaté Ba, les organisateurs accusent des « nervis » d’avoir bloqué l’entrée principale dans la nuit du 2 au 3 mai, avant de pénétrer de force dans la salle. Certains militants auraient été frappés puis expulsés par les forces de l’ordre.
L’incident survient alors que le gouvernement prépare une réforme controversée. Un projet de loi, adopté en Conseil des ministres, prévoit d’abroger la Charte des partis politiques de 2005 et le Statut de l’opposition de 2015. Ce texte prévoit la suppression des partis existants, la fin du financement public et l’abolition du statut de chef de file de l’opposition.
Présenté comme une « rationalisation » par les autorités, ce projet est rejeté par les opposants qui y voient une volonté de « liquider » le pluralisme politique. La réforme impose notamment une caution de 100 millions FCFA pour la création d’un parti, que l’opposition qualifie de « suffrage censitaire ». Par ailleurs, les recommandations issues des récentes concertations régionales et nationales ouvrent la voie à un mandat présidentiel de cinq ans renouvelable pour le général Assimi Goïta, à l’image des régimes voisins membres de la Confédération des États du Sahel (AES).
L’opposition exige la fin de la transition au plus tard le 31 décembre 2025, un calendrier clair pour le retour à l’ordre constitutionnel, la libération des détenus d’opinion et le retour sans condition des exilés politiques. Elle menace de poursuites contre les fonctionnaires impliqués dans ce qu’elle considère comme des dérives anticonstitutionnelles. L’ancien Premier ministre Moussa Mara a salué la mobilisation, assurant que « la lutte ne fait que commencer » et appelant le peuple malien à rester uni pour « remettre le pays sur la bonne voie ».