Liberté de la presse : le Maroc avance, la Tunisie recule, l’Algérie stagne

Le Maroc gagne neuf places dans le classement 2025 de Reporters sans frontières et se hisse au 120e rang mondial. Une progression qui contraste avec les revers subis par ses voisins maghrébins, en particulier la Tunisie et l’Algérie. Dans un Maghreb sous tension, Rabat poursuit son ascension dans l’indice mondial de la liberté de la presse publié par RSF. Le Royaume récolte les fruits d’une stabilité politique relative et d’un effort soutenu en faveur d’un écosystème médiatique plus pluraliste, malgré des fragilités persistantes, notamment économiques. Cette amélioration tranche avec la dégradation rapide de la situation en Tunisie et l’immobilisme répressif en Algérie.

La Tunisie s’effondre de 11 places et chute au 129e rang. Ce recul brutal est attribué à l’asphyxie économique des médias indépendants et à une dérive autoritaire incarnée par le président Kaïs Saïed. L’appareil législatif s’est durci, les journalistes sont visés, et les contre-pouvoirs s’effacent. Le pays enregistre également le pire score économique du classement régional, avec une dégringolade de 30 places sur cet indicateur.

En Algérie, l’apparente clémence du régime à l’image de la libération du journaliste Ihsane El Kadi après 22 mois de détention peine à masquer la réalité : blocage de sites d’information, médias inféodés, justice aux ordres. Le pays stagne à la 126e position. Aucun signal fort ne traduit une volonté de réforme structurelle.

Le Maroc, de son côté, reste encore loin des standards internationaux, mais progresse. Le cadre juridique évolue lentement, un dialogue s’instaure avec certains acteurs du secteur, et l’État cherche à renforcer son image à l’international. Si les problèmes de concentration des médias et de précarité économique demeurent, Rabat affiche une trajectoire ascendante dans une région marquée par les reculs.

Plus au sud, l’Égypte continue de figurer parmi les dix pires pays du classement (170e). Arrestations arbitraires, censure généralisée, verrouillage systématique des médias : le régime al-Sissi perpétue un système autoritaire où le journalisme d’investigation est pratiquement interdit.

Quant à la Libye, elle gagne six places (137e), portée par des initiatives locales isolées dans certaines zones stabilisées. La progression reste modeste et fragile, freinée par l’absence d’État central, l’influence des milices, et l’insécurité chronique.

Dans une région où l’information est un enjeu stratégique autant que politique, la liberté de la presse devient un marqueur clair des orientations réelles des régimes. Le Maroc, sans être un modèle, s’impose comme un contrepoint face à la répression croissante en Tunisie, à la rigidité algérienne et à la dérive autoritaire égyptienne.

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