Le Premier ministre français, François Bayrou a entamé ce mercredi 30 avril une série d’échanges avec les formations politiques pour relancer le débat sur l’introduction de la proportionnelle aux élections législatives. Un chantier qu’il soutient de longue date, mais qui divise encore profondément.
C’est avec le Rassemblement national, premier groupe de l’Assemblée nationale, que le chef du gouvernement a ouvert ces discussions. Marine Le Pen et Jordan Bardella ont été reçus en tête de file. Tous deux appellent à une proportionnelle assortie d’une prime à la majorité, estimant qu’elle pourrait remédier à l’absence chronique de majorité claire, dans un paysage politique désormais tripolaire.
Bayrou, lui, défend une proportionnelle intégrale à l’échelle départementale, remettant en cause le système majoritaire en vigueur depuis 1958 hormis l’exception de 1986. Cette réforme, selon lui, permettrait de mieux refléter le pluralisme électoral.
Mais dans les rangs de la majorité présidentielle, les doutes persistent. Gabriel Attal, patron du groupe Renaissance, et Pierre Cazeneuve, chargé d’un rapport comparatif sur les modes de scrutin, rencontreront Bayrou jeudi. Les macronistes défendent désormais le statu quo, qu’ils jugent plus stable et plus lisible pour les électeurs, surtout dans un contexte international incertain.
L’ancien projet de réforme, envisagé en 2018 par Emmanuel Macron, prévoyait une dose de 15 % de proportionnelle. Il avait finalement été enterré. Aujourd’hui, Renaissance considère qu’aucun décalage significatif ne subsiste entre le nombre de voix et le nombre de sièges, affaiblissant l’intérêt d’un changement.
Le débat pourrait s’étendre à d’autres enjeux institutionnels. Attal et Cazeneuve souhaitent aborder la réduction du nombre de parlementaires et une simplification administrative. En revanche, ils rejettent l’idée de coupler proportionnelle et cumul des mandats, un échange soutenu par Bayrou mais jugé nuisible par d’autres.
À droite, l’opposition reste vive. Édouard Philippe défend le scrutin majoritaire, garant selon lui du lien direct entre élus et électeurs, mais pourrait envisager une ouverture si le cumul des mandats était rétabli. Les Républicains, quant à eux, rejettent toute modification. Laurent Wauquiez dénonce une réforme qui, selon lui, aggraverait l’instabilité actuelle. Il critique aussi le gouvernement pour sa gestion des priorités dans un contexte qu’il juge alarmant sur les plans sécuritaire, migratoire et économique. Le groupe Liot, indépendant, se dit également largement défavorable à une telle réforme. Le gouvernement souhaite statuer rapidement. « Si les échanges permettent de faire émerger un consensus, la loi pourrait être déposée avant la fin de la session », a déclaré mercredi Sophie Primas, porte-parole de l’exécutif.
À gauche, le débat reste ouvert. Certains plaident pour une évolution du mode de scrutin, mais les divisions persistent au sein du Parti socialiste. François Hollande s’y dit favorable, à l’inverse d’Olivier Faure. Le député Emmanuel Grégoire a, lui, insisté sur la complexité des modalités que recouvre le terme de « proportionnelle ».