Afrique : reconnu comme « pays sûr » par l’UE, le Maroc consolide sa position dans la gestion migratoire

La Commission européenne a officiellement inscrit le Maroc sur sa liste des « pays d’origine sûrs », aux côtés de l’Inde, de l’Égypte ou du Kosovo. Une décision qui marque un tournant stratégique dans la politique migratoire de l’Union européenne, en uniformisant l’examen des demandes d’asile et en renforçant la coopération avec Rabat.

Jusqu’ici, chaque État membre définissait ses propres critères, générant des inégalités de traitement entre demandeurs. Avec cette nouvelle classification commune, Bruxelles entend accélérer le traitement des dossiers issus de pays jugés sûrs et faciliter les retours en cas de demandes infondées.

Pour les ressortissants marocains, cela signifie désormais que leurs demandes d’asile seront présumées non fondées, sauf exception prouvée. L’UE justifie cette mesure par l’absence de persécutions généralisées ou de risques graves en cas de retour au Maroc.

Derrière cette reconnaissance se dessine aussi une validation politique : le Maroc est salué pour sa stabilité et ses efforts en matière de gouvernance migratoire. Depuis 2013, sous l’impulsion du Roi Mohammed VI, le pays a mis en place une Stratégie nationale d’immigration et d’asile, centrée sur l’inclusion, la régularisation de migrants subsahariens et la coopération avec l’UE, notamment via Frontex et Europol.

Aujourd’hui, Rabat est perçu comme un partenaire clé dans la stratégie euro-méditerranéenne, capable de concilier contrôle des frontières et respect des droits humains. Cette évolution pourrait lui ouvrir de nouvelles perspectives de soutien financier et technique de la part de l’Union, en matière de gestion migratoire ou de lutte contre les trafics.

Mais cette orientation ne fait pas l’unanimité au sein de l’UE. Certains dénoncent le risque de procédures expéditives, au détriment des droits fondamentaux. Le débat reste vif, comme en témoignent les blocages persistants sur d’autres cas sensibles, à l’image de la Turquie.

En s’imposant comme un acteur central de la régulation des mobilités entre l’Afrique et l’Europe, le Maroc franchit une nouvelle étape diplomatique. Cette reconnaissance reflète une évolution profonde de sa posture migratoire : d’un pays de transit, il devient un État-pivot dans la gestion humaine des flux migratoires régionaux.

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