Les prix mondiaux du cacao ont fortement décroché depuis le début de l’année 2025, effaçant une grande partie de la flambée spectaculaire observée fin 2024. La tonne, qui frôlait alors les 12 000 dollars, se négocie désormais autour de 5 000 dollars, soit une baisse proche de 50 %, selon les données de marché disponibles.
Cette correction marque la fin d’un cycle exceptionnel, nourri par des tensions persistantes sur l’offre et une spéculation intense. Elle s’explique en grande partie par de meilleures récoltes qu’anticipé en Côte d’Ivoire, premier producteur mondial, et par un repli progressif des positions spéculatives. Malgré ce recul, les prix restent élevés sur le plan historique, environ deux fois supérieurs à la moyenne enregistrée entre 2012 et 2022.
Sur les marchés à terme, les signaux sont toutefois plus nuancés. Après avoir touché un point bas, les contrats sur le cacao se sont redressés ces dernières semaines, dépassant successivement les seuils de 5 900 puis de 6 100 dollars la tonne, un niveau inédit depuis le début du mois de novembre. Ce mouvement est soutenu par des anticipations d’excédents mondiaux moins importants et par la poursuite d’achats spéculatifs, notamment en prévision de l’intégration du cacao à l’indice Bloomberg des matières premières.
Plusieurs institutions financières ont ajusté leurs projections. Citigroup a réduit son estimation de l’excédent mondial pour la campagne 2025-2026 à 79 000 tonnes, contre 134 000 tonnes auparavant. Rabobank a également revu ses chiffres à la baisse, tout comme l’Organisation internationale du cacao, qui a corrigé ses prévisions pour la campagne en cours et revu à la baisse les volumes de production attendus.
La contraction des stocks contribue aussi à soutenir les cours. Les réserves de cacao suivies par la bourse ICE dans les ports américains sont tombées à leur plus bas niveau depuis neuf mois, à environ 1,65 million de sacs à la mi-décembre. Les opérateurs restent attentifs à l’évolution des arrivées portuaires et à la dynamique de la production ivoirienne, jugée satisfaisante cette saison.
À moyen terme, les perspectives demeurent globalement favorables pour la récolte 2025-2026, en particulier en Afrique de l’Ouest, qui concentre l’essentiel de l’offre mondiale. La Côte d’Ivoire et le Ghana assurent à eux seuls plus de 60 % de la production, une forte concentration qui rend le marché vulnérable aux aléas climatiques et sanitaires.
Du côté de la demande, la consommation mondiale de chocolat se maintient, notamment sur les segments à forte valeur ajoutée. Parallèlement, les pays producteurs cherchent à renforcer la transformation locale, à travers le développement du broyage et des mécanismes destinés à mieux protéger les revenus des planteurs.
Négocié principalement à New York et à Londres via des contrats standardisés, le cacao reste un marché de taille modeste comparé à d’autres matières premières agricoles, mais il conserve un rôle stratégique pour l’industrie agroalimentaire mondiale.


