Le Maroc a présenté, à l’occasion de la 20ᵉ Conférence ministérielle africaine sur l’environnement (CMAE-20), une vision structurée pour réformer le financement climatique sur le continent. Réunie mercredi à Nairobi, cette rencontre a permis à Rabat de réaffirmer son engagement en faveur d’un modèle financier plus adapté aux besoins environnementaux africains.
La ministre marocaine de la Transition énergétique, Leila Benali, a appelé à un changement profond dans l’architecture du financement climatique. Elle a insisté sur la nécessité d’intégrer la durabilité dans les mécanismes financiers africains, en soulignant que « les systèmes actuels ne permettent pas de répondre efficacement aux urgences climatiques du continent ».
La stratégie défendue par le Maroc repose sur trois piliers : gouvernance, innovation et équité. Elle préconise une meilleure coordination entre les institutions financières et environnementales, une refonte de l’ordre financier mondial et une intégration systématique du financement climatique dans les politiques publiques.
Leila Benali a mis en avant la stratégie nationale marocaine de financement climatique, déjà en œuvre, qui oriente les dépenses publiques vers des objectifs durables et attire des investissements privés dans les projets verts. Elle a aussi présenté la Commission nationale sur le changement climatique et la biodiversité, dotée d’un groupe de travail dédié aux financements, et salué l’initiative du ministère des Finances qui commence à intégrer les risques climatiques dans l’évaluation de la dette.
Elle a plaidé pour une utilisation plus poussée d’outils innovants comme les échanges dette-climat, les obligations vertes ou les marchés du carbone, peu développés sur le continent malgré leur potentiel.
Le Maroc se positionne ainsi comme un acteur pivot entre l’Afrique et les marchés internationaux, grâce à la solidité de ses institutions et à un cadre réglementaire favorable. L’objectif : faciliter l’accès des pays africains aux capitaux internationaux, notamment européens et atlantiques.
Enfin, la ministre a dénoncé l’injustice du système financier mondial, rappelant que les pays du Sud continuent de subir une inégalité de traitement. Elle a évoqué les Assemblées annuelles du FMI et de la Banque mondiale tenues à Marrakech en 2023, qui ont amorcé un débat sur la nécessaire réforme du système global.
Aux côtés du président kényan William Ruto, Leila Benali a conclu en réitérant l’engagement du Maroc à œuvrer avec les pays africains pour construire un avenir plus résilient et équitable.