Le Vietnam s’engage dans un projet titanesque : la construction d’une ligne ferroviaire à grande vitesse Nord-Sud de 1 541 km entre Hanoï et Hô Chi Minh-Ville. Estimée à plus de 67 milliards de dollars, cette infrastructure s’annonce comme la plus ambitieuse jamais lancée dans le pays et cristallise déjà l’intérêt des grandes entreprises vietnamiennes.
La société VinSpeed Investment, affiliée au groupe Vingroup, a été la première à soumettre une proposition d’investissement en partenariat public-privé (PPP). Elle prévoit une chaîne de valeur intégrée autour du rail, combinant construction ferroviaire, production de matériel roulant, signalisation et urbanisme. VinSpeed propose d’investir jusqu’à 1 600 mille milliards de dôngs, demandant à l’État un prêt à taux zéro sur 35 ans pour compléter son financement.
D’autres grands groupes comme THACO, Dèo Ca, Hoà Phat ou Fecon se positionnent aussi. Hoà Phat, par exemple, a signé un contrat avec l’allemand SMS pour installer une ligne de production d’acier capable de livrer 700 000 tonnes de rails par an. La première production est attendue dès 2027, avec l’objectif d’alimenter tant le marché local qu’international.
Un autre consortium, Mekolor – Great USA, promet de mobiliser 100 milliards de dollars sur fonds propres et de livrer la ligne en cinq ans. Dans le même temps, l’entreprise publique VNR prépare un complexe industriel destiné à assembler des trains EMU (électriques multi-unités), avec l’ambition d’atteindre un taux de localisation de 80 % d’ici 2050.
Le projet représente pour le secteur privé vietnamien un test grandeur nature, tant sur le plan technologique que financier. Il est soutenu par un nouveau cadre juridique favorable, notamment la révision de la loi sur les chemins de fer et l’approbation du projet par l’Assemblée nationale en novembre 2024.
Au-delà du transport, le projet pourrait devenir un levier de transformation industrielle, en renforçant l’autonomie technologique du Vietnam et en positionnant ses entreprises dans la chaîne de valeur ferroviaire mondiale. Mais les défis restent énormes : coordination, financement, respect des délais et maîtrise des technologies de pointe seront cruciaux pour éviter un déraillement prématuré.