Grâce aux échanges de renseignements fiscaux, onze pays africains ont mobilisé près de 400 millions d’euros de recettes supplémentaires en 2024. C’est ce que révèle le rapport 2025 du Forum mondial sur la transparence et l’échange de renseignements, publié dans le cadre de l’Initiative Afrique.
Depuis 2009, ces dispositifs ont permis de collecter au total plus de 4,2 milliards d’euros. L’année 2024 marque une progression notable, avec une forte hausse des échanges d’informations entre administrations fiscales. Les demandes sur mesure (échanges sur demande) ont généré à elles seules 123 millions d’euros, tandis que les transmissions automatiques via la Norme commune de déclaration (NCD) ont rapporté 275 millions d’euros.
Un record a été établi avec 1 756 demandes envoyées, contre 888 en 2023. Les pays africains disposent désormais d’un réseau de coopération étendu à plus de 3 300 relations, grâce notamment à la Convention multilatérale d’assistance administrative mutuelle, récemment adoptée par Madagascar et signée par l’Algérie.
Six États échangent déjà des données financières : l’Afrique du Sud, les Seychelles, Maurice, le Ghana, le Nigeria et le Kenya. D’autres s’apprêtent à les rejoindre, dont le Maroc, le Sénégal et le Rwanda en 2025, puis le Cameroun et la Tunisie en 2026. Par ailleurs, quatre pays prévoient d’intégrer un dispositif de transparence sur les crypto-actifs d’ici 2028.
En volume, l’Afrique a reçu des informations sur 2,28 millions de comptes bancaires à l’étranger (soit 211 milliards d’euros) et transmis des données sur 1,09 million de comptes (pour 36 milliards d’euros). Mais les outils d’appariement automatique font encore défaut, rendant le traitement des données chronophage.
Autre défi : l’identification des bénéficiaires effectifs reste incomplète, malgré la mise en place d’unités opérationnelles dans la majorité des pays concernés. Le rapport souligne l’importance de renforcer les capacités techniques, alors que plus de 1 200 agents ont déjà été formés et que des initiatives ciblées, comme le programme Women Leaders in Tax Transparency, contribuent à structurer les compétences.
Malgré des avancées encourageantes, des écarts subsistent entre les pays africains dans l’appropriation des outils de transparence. Le rapport appelle à une mobilisation renforcée pour exploiter tout le potentiel des échanges fiscaux au service du développement.
L’Initiative Afrique regroupe 39 pays, avec le soutien de la Banque mondiale, de l’Union africaine et de partenaires internationaux tels que la France, l’Allemagne, la Suède, la Suisse et l’Union européenne.