Un rapport publié en juin 2025 par la Global Initiative Against Transnational Organized Crime (GI-TOC) révèle que l’exploitation artisanale de l’or au Ghana, bien que cruciale pour l’économie nationale, est dominée par des réseaux criminels et engendre de graves dommages sociaux et environnementaux. Premier producteur d’or en Afrique, le Ghana voit son secteur minier artisanal et à petite échelle (ASGM) gangrené par des pratiques illégales, la criminalité transnationale et des impacts négatifs importants. L’étude « Mapping Ghana’s Expanding Gold Sector – Part One », rédigée par Marcena Hunter et Gideon Ofosu-Peasah, estime que l’ASGM représente plus de 30 % de la production aurifère du pays, avec une part non déclarée entre 24 et 30 tonnes en 2022, soit environ 1,74 milliard de dollars.
Le rapport dénonce la déforestation massive, la pollution au mercure et au cyanure, ainsi que des conditions sociales dégradées, incluant le travail informel, l’exploitation des femmes et des violences récurrentes. Ce secteur est aussi utilisé pour le blanchiment d’argent et la corruption, avec une forte implication de réseaux étrangers, notamment chinois. Selon GI-TOC, des ressortissants chinois participent activement à ce système via l’introduction d’équipements lourds, le contrôle illégal de sites grâce à des prête-noms locaux, et le recyclage des profits dans des activités comme les jeux d’argent et l’immobilier.
Face à ce fléau, le Service de police ghanéen a lancé en mars 2025 une vaste opération contre le « galamsey » nom local de l’exploitation illégale aboutissant à plus de 300 arrestations, dont 46 Chinois, et à la saisie de matériels lourds et d’armes dans des zones clés comme Samreboi.
Cependant, les initiatives de formalisation, telles que le Community Mining Scheme, peinent à progresser, freinées notamment par la corruption au sein des autorités traditionnelles. Les auteurs recommandent un renforcement de la surveillance par satellite, une réglementation stricte des produits toxiques, et une plus grande inclusion des femmes dans les programmes d’accompagnement. La région de Savannah, nouvelle zone critique, fait l’objet d’une vigilance particulière.
Cette étude constitue la première partie d’une série consacrée à l’expansion de l’orpaillage au Ghana, où le « galamsey » continue de prospérer au détriment des populations rurales et de l’État.