Sénégal : les banques centrales africaines accélèrent l’union monétaire à Dakar

Réunis à Dakar ce mardi 20 mai 2025, les membres du Bureau de l’Association des Banques Centrales Africaines (ABCA) ont intensifié leurs efforts pour bâtir une monnaie unique africaine. Dans un contexte mondial instable, les gouverneurs de banques centrales se sont accordés sur des stratégies communes pour renforcer la résilience économique et financière du continent.

La réunion s’est tenue au siège de la BCEAO, sous la présidence du Dr Rama Krishna Sithanen, Gouverneur de la Banque de Maurice et actuel président de l’ABCA. Elle a permis de passer en revue l’application des décisions prises en septembre 2024 à Port-Louis. Parmi les points centraux : l’avancement du Programme de Coopération Monétaire en Afrique (PCMA), la validation des statuts de l’Institut Monétaire Africain (IMA) et le développement des systèmes de paiement intégrés. Un document explicatif sur les critères du PCMA a aussi été présenté pour faciliter leur compréhension et leur mise en œuvre.

Les participants ont également discuté de la création de groupes de travail au sein de l’ABCA, de l’activité de la Communauté des Superviseurs Bancaires Africains (CSBA), ainsi que des récentes actions du Comité Africain de Stabilité Financière (CASF).

Une réunion sous tension mondiale

Jean-Claude Kassi Brou, Gouverneur de la BCEAO, a salué l’engagement des membres à construire un système monétaire africain solide, tout en rappelant que les travaux se déroulent dans un climat mondial marqué par les tensions géopolitiques, la pression sur les dettes publiques et les chocs climatiques. Il a souligné les bons résultats de la zone UEMOA : une croissance de 6,3 % en 2024, avec une inflation maîtrisée à 3,5 %. Les prévisions pour 2025 annoncent une croissance de 6,4 % et une inflation dans la fourchette cible de 1 à 3 %.

Le représentant de la Commission de l’Union Africaine, Dr Patrick Ndzana Olomo, a insisté sur l’urgence d’une coopération monétaire renforcée face aux défis économiques mondiaux. Il a salué les progrès dans la mise en place de l’IMA et du Mécanisme Africain de Stabilité Financière (MASF), qualifiés de « fondements institutionnels essentiels » pour la future monnaie unique.

Il a également exhorté les banques centrales à approfondir la collecte de données, à stimuler les marchés de capitaux locaux, à renforcer l’inclusion financière et à intégrer les risques climatiques dans les politiques monétaires.

Vers une intégration des paiements à l’échelle du continent

Le Bureau a évalué les progrès du projet d’intégration des systèmes de paiement, élément clé pour accroître le commerce intra-africain. L’objectif est ambitieux : faire passer la part des échanges intra-africains de 12 % en 2013 à 50 % d’ici 2045, comme le prévoit l’Agenda 2063 de l’Union Africaine.

Des avancées concrètes ont été enregistrées depuis l’adoption des critères de sélection de la future banque centrale hôte de l’infrastructure financière continentale. Le groupe de projet concerné s’emploie désormais à intégrer les paiements mobiles à l’échelle africaine.

Le Bureau a aussi examiné la version approuvée des statuts de l’IMA, adoptée par l’Union Africaine fin novembre 2024 à Abuja. Cet institut, basé dans la capitale nigériane, est chargé de poser les bases de la future Banque Centrale Africaine (BCA). Son mandat couvre les travaux techniques, juridiques, stratégiques et statistiques nécessaires à l’émission de la monnaie unique.

Cap sur la régulation et la stabilité

Les gouverneurs ont aussi abordé l’avancement du programme 2023-2025 de la CSBA, qui œuvre à harmoniser les régulations bancaires à travers le continent. Quant au CASF, installé à Port-Louis en septembre 2024 sur proposition de la Banque Centrale d’Égypte, il a présenté son rapport annuel et l’état d’avancement de son plan d’action pour 2025.

Deux grands événements sont en préparation : un séminaire continental à Rabat du 21 au 23 juillet 2025 sur la cybersécurité et les technologies financières, et un symposium à Yaoundé le 11 septembre 2025 sur le changement climatique et la stabilité macroéconomique. Les Réunions Annuelles de l’ABCA auront également lieu à Yaoundé du 7 au 12 septembre, organisées par la BEAC.

Face à un monde en mutation rapide, les banques centrales africaines accélèrent la cadence. Objectif : bâtir une union monétaire stable, inclusive et adaptée aux réalités du continent.

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