La célébration de la Fête du travail en Côte d’Ivoire, hier, 1er mai 2025, a été marquée par des échanges soutenus entre syndicats et gouvernement, à la Primature, en présence du Premier ministre Robert Beugré Mambé. À cette occasion, une mesure sanitaire inédite a été annoncée en faveur des travailleurs du secteur informel.
Souhaitant un dialogue social apaisé, le chef du gouvernement a rappelé l’importance de la concertation à travers les cadres existants, notamment le Comité de dialogue social de la Fonction publique et les comités sectoriels dans les ministères. Il a également mis en avant les avancées de la Couverture maladie universelle (CMU), qui couvre déjà près de 60 % de la population ivoirienne grâce à l’enrôlement biométrique de plus de 18 millions de personnes.
Cependant, le Premier ministre a reconnu que les travailleurs du secteur informel restent largement en marge du système. Pour remédier à cela, le président de la République a décidé d’instaurer une mesure dérogatoire exceptionnelle permettant à ces populations d’accéder aux prestations de la CMU, même sans avoir cotisé.
Cette disposition sera effective du 1er mai au 31 août 2025. Durant ces quatre mois, toute personne issue du secteur informel déjà enrôlée pourra bénéficier des soins et médicaments couverts par la CMU dans les structures de santé partenaires, sans obligation de versement préalable. L’État prendra également en charge l’intégralité des consultations et soins infirmiers dans les centres de santé en zone rurale. Environ 13 millions de personnes, notamment les primo-assurés, sont concernées. Le coût de cette mesure est estimé à 8,7 milliards de francs CFA.
Le ministre de l’Emploi et de la Protection sociale, Adama Kamara, a réaffirmé l’ambition d’atteindre une couverture totale de la population d’ici 2027. Il a aussi proposé la mise en place d’un régime de retraite complémentaire par capitalisation pour le secteur formel, ainsi que la création d’une branche couvrant les risques professionnels pour les agents de l’État. Les textes réglementaires sont déjà prêts.
Les syndicats ont, pour leur part, exprimé diverses revendications. Mamadou Soro, secrétaire général de la Centrale syndicale Humanisme, a plaidé pour une revalorisation du Salaire minimum agricole garanti (SMAG), en l’alignant sur le SMIG fixé à 75 000 FCFA. Il a aussi demandé la reprise des discussions sur les salaires minima catégoriels, suspendues depuis 2023.
Les centrales ont salué les trêves sociales de 2017-2022 et 2022-2027, tout en rappelant leur rôle crucial dans la stabilité sociale. La nécessité d’anticiper les conflits professionnels et de promouvoir la paix a été soulignée.
Enfin, Yves Colibo, de l’UNARTCI, a réclamé une meilleure application des textes sur la liberté syndicale. Il a demandé la libération de Ghislain Assy, enseignant condamné à deux ans de prison pour sa participation à une grève dans le secteur de l’éducation.