La capitale sénégalaise a été le théâtre, samedi, de deux manifestations d’ampleur opposée : un rassemblement massif du Pastef, conduit par Ousmane Sonko, et une mobilisation avortée de l’opposition, dispersée par la police à Sacré-Cœur. Des dizaines de milliers de partisans du Premier ministre et leader du Pastef ont pris part au « Tera Meeting », une démonstration de force politique organisée à Dakar. Face à la foule, Ousmane Sonko a exposé les grandes lignes de son programme axé sur l’économie, la justice et la gouvernance. Il a promis de « bâtir une économie compétitive » fondée sur des « ressources humaines qualifiées », tout en accusant l’ancien régime d’avoir laissé « une dette colossale » et des « dettes cachées », qu’il a qualifiées de « haute trahison ».
Le chef du gouvernement a averti que « toute personne niant l’existence de cette dette cachée devra répondre devant la justice » et que « ceux qui ont volé ou causé la mort de Sénégalais seront jugés ». Il a aussi affirmé que « la justice n’appartient pas aux magistrats, mais au peuple sénégalais ».
Sonko a annoncé un plan de mobilisation de 10 000 milliards de francs CFA sur trois ans, reposant sur de nouvelles taxes sur l’alcool, le tabac et d’autres produits, tout en réaffirmant une politique de « tolérance zéro » contre la corruption. Il a promis la prison à tout membre du parti convaincu de détournement de fonds, dénonçant « le pouvoir de l’argent sale » et « un système encore présent dans la justice et l’administration ». Il a par ailleurs tenu à clarifier qu’« aucune tension » n’existe entre lui et le président Bassirou Diomaye Faye.
Au même moment, à Sacré-Cœur, le collectif d’opposition « Ñaxtu National » a tenté de braver une interdiction préfectorale. Les forces de l’ordre sont intervenues pour disperser les manifestants, provoquant des affrontements. Des grenades lacrymogènes ont été tirées sur la VDN, provoquant des scènes de panique et incommodant plusieurs journalistes, dont deux reporters secourus par leurs confrères, selon Dakaractu.
Plusieurs arrestations ont été enregistrées, dont celle de Talla Sylla et de membres du collectif. Des vidéos des heurts ont rapidement circulé sur les réseaux sociaux, illustrant une nouvelle fois la tension persistante sur la scène politique sénégalaise.



